Karl Kraus

 
Karl Kraus
1874 - 1936
 

Artiste, Écrivain (Art, Littérature).

Nationalité autrichienne Autrichien, né le 28 avril 1874 et mort le 12 juin 1936

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Biographie

Karl Kraus est un écrivain autrichien né le 28 avril 1874 à Gitschin (aujourd'hui Jičín en République tchèque) et mort le 12 juin 1936 à Vienne, ville dans laquelle il a vécu toute sa vie.

Auteur d'une oeuvre monumentale qui n'est que très partiellement traduite en français, dramaturge, poète, essayiste, il a aussi et surtout été un satiriste et un pamphlétaire redouté. Il dénonçait avec la plus grande virulence, dans les pages de Die Fackel, la revue qu'il avait fondée et dont il a pendant presque quarante ans été le rédacteur à peu près exclusif, les compromissions, les dénis de justice et la corruption, et notamment la corruption de la langue en laquelle il voyait la source des plus grands maux de son époque, et dont il tenait la presse pour principale responsable.

On ne peut aborder la vie et l'oeuvre de Karl Kraus sans les replacer dans le contexte particulier au sein duquel elles ont vu le jour, c'est-à-dire entre deux catastrophes annoncées : celle qui devait marquer la fin « d'un État qui, tout en n'étant pas viable, n'en finissait pas de mourir », à savoir l'empire austro-hongrois des Habsbourg, qui devait s'effondrer à la fin de la Première Guerre mondiale, et celle qu'annonçait l'avènement du national-socialisme allemand, qui devait selon Karl Kraus parachever la ruine de l'humanité civilisée, que du reste, en sa qualité de « journaliste », il n'avait cessé d'annoncer à ses lecteurs, avec des accents de prophète de l'Ancien Testament, des décennies durant.

Plus précisément encore, la vie de Karl Kraus est intimement liée à la capitale de la « Cacanie » : Vienne.

La Vienne du tournant du siècle est un véritable creuset de cultures et de nationalités : on y trouve aussi bien des Hongrois, des Slovènes, des Croates, des Italiens, des Turcs, des Juifs, réunis dans une cité dont la mentalité générale se caractérise pourtant par un mélange d'étroitesse d'esprit, d'insouciance frivole (notamment face aux scandales politiques et financiers) et de « l'ombre de plomb [portée] sur tout ce qui vivait [par le] pressentiment d'une fin inéluctable », due aux contradictions d'une structure politique archaïque incapable de s'adapter aux évolutions socio-économiques récentes. C'est ce curieux mélange de « monde d'opérette » et de pessimisme eschatologique qu'Hermann Broch devait baptiser « l'Apocalypse joyeuse. »

Au sein de ce melting pot, les Juifs sont largement représentés : en 1923, ils seraient 200 000 à Vienne, soit près de 10 % de la population. L'industrialisation n'ayant débuté véritablement en Autriche qu'après leur émancipation (en 1848), ils se lancent dans la compétition en même temps que les Gentils et, là où ils réussissent, « ils deviennent les plus visibles des nouveaux riches », provoquant les jalousies et cristallisant les craintes de la petite bourgeoisie, qui voit dans le même temps son statut social décliner.

Ce nouvel élan de l'antisémitisme, que n'hésite pas à instrumentaliser un Karl Lueger (1844-1910), chef du parti démocratique et maire de Vienne entre 1897 et 1910, donne sporadiquement lieu à des manifestations de violence, qui culminent « dans les émeutes de 1905, lorsque des étudiants nationaux-allemands imaginèrent d'interdire aux étudiants juifs l'accès à l'université. »

Mais Vienne est également une ville dans laquelle règne un « extrême intellectualisme », et où la vie culturelle connaît un rare rayonnement. Sont associés à ce rayonnement : Gustav Mahler, puis Arnold Schönberg et Alban Berg en musique ; Oskar Kokoschka, Egon Schiele ou Gustav Klimt en peinture ; Hugo von Hofmannsthal, Arthur Schnitzler, Hermann Broch en littérature ; ou encore Sigmund Freud et Ludwig Wittgenstein. Dans ces domaines, les Juifs se taillent la part du lion.

C'est dans ce contexte qu'en 1877 le petit Karl Kraus arrive, dans une ville qu'il dira plus tard mépriser et vouloir fuir à jamais, mais qu'il aimait en fait éperdument.

Karl Kraus est né le 28 avril 1874 à Gitschin, neuvième enfant de Jacob Kraus, commerçant et industriel juif aisé, et d'Ernestine Kantor. Il manifeste très tôt son goût pour l'art dramatique : sa première pièce, In Der Burgtheater-Kanzlei, est représentée à Baden, en août 1891, deux mois avant la mort de sa mère. Dès l'année suivante, il commence à publier des critiques littéraires et théâtrales dans différents journaux et revues (sa première publication est un compte-rendu des Tisserands de Hauptmann, pièce interdite en Autriche). Il caresse le rêve de devenir acteur.

Kraus poursuit en parallèle ses études secondaires au Franz-Joseph Gymnasium, avant d'entreprendre des études de droit (en 1893), puis de philosophie et de langues et civilisation germanique l'année suivante (il quittera l'université en 1898, sans avoir achevé son doctorat.)

Il collabore à la revue Die Gesellschaft, de Leipzig, et donne des soirées de lecture à Bad Ischl, Munich et Berlin, au cours desquelles il donne surtout des interprétations des Tisserands.

En 1896 paraît, dans la Wiener Rundschau, le premier texte important de Karl Kraus : La Littérature démolie, dans lequel il s'en prend à l'avant-garde littéraire viennoise (Hermann Bahr, Arthur Schnitzler et Hugo von Hofmannsthal sont les plus connus des écrivains qui y sont pris à partie) et à ce qu'il appelle « tous les outils de la littérature : l'absence de talent, la sagesse précoce, les poses, la mégalomanie, les grisettes des faubourgs, les cravates, le maniérisme, les faux datifs, les monocles et les nerfs secrets.»

La publication de ce pamphlet lui vaut d'être agressé par le journaliste et écrivain Felix Salten (le futur auteur de Bambi), à propos duquel Kraus avait écrit que « ce parvenu du mime qui a su régler ses gestes sur ceux de ses voisins de table à qui il doit ses poses essentielles », avait, « lors d'une braderie des individualités [...] pu en acquérir une à bas prix. »

En 1898, Karl Kraus publie son deuxième texte important : Une couronne pour Sion, pamphlet contre le sionisme de Theodor Herzl. Kraus, partisan de l'assimilation des Juifs, dénonce ce qui lui apparaît comme une alliance objective entre les sionistes et les antisémites. Qui plus est, il voit dans cette nouvelle idéologie un moyen commode pour détourner les prolétaires de leurs intérêts de classe :

« Ceux qui devraient souffrir de faim ensemble sont séparés selon des critères nationaux et utilisés les uns contre les autres. La foi de ses aïeuls n'autorise plus le tisserand juif de Lodz à être solidaire de ses camarades de misère, il doit désormais s'allier, au sein d'une organisation rigide, aux israélites de la City, des grands boulevards, du Tiergarten et de la Ringstrasse. »

En 1899, Karl Kraus quitte la communauté israélite et se déclare « sans confession ».

Le premier numéro de Die Fackel paraît le 1er avril.

Si en matière de presse, Karl Kraus « a, d'une certaine façon, connu le pire (une presse qui n'avait jamais été et ne sera sans doute jamais plus à la fois aussi puissante et aussi irresponsable) », la lutte contre la corruption des journaux et des journalistes, qu'il aura mené sans répit, ne constitue que l'aspect le plus anecdotique de son combat. Pour lui, le mensonge journalistique tient dans la structure même du journal, dont le calibrage prédéfini et la parution régulière obligent à faire passer l'information par un prisme déformant, qui égalise dans un même format l'important et l'accessoire, l'évènement historique et le fait divers anecdotique. « Le principe fondamental de la possibilité d'entrée intellectuelle pour tout ce qui est imprimé quotidiennement, écrit Kraus, est : tout est égal et ça sera toujours assez vrai. »

C'est la raison pour laquelle, à l'inverse des autres journaux, Die Fackel, qui devait initialement paraître trois fois par mois, avait une parution irrégulière, et que sa pagination pouvait être de trois pages (par exemple, le numéro 888, d'octobre 1933) comme de trois cents pages (le cahier no 890-905 de juillet 1934).

Malgré le pouvoir exorbitant de la presse, dont un « baron » comme Moritz Benedikt, propriétaire de la Neue Freie Presse, et cible privilégiée de Karl Kraus, pouvait être décrit dans The Times comme ayant eu une influence « qui était aussi puissante à sa façon que celle du défunt empereur François-Joseph lui-même », celle-ci n'entendrait pas assumer ses écrasantes responsabilités. Son attitude avant, pendant, et après la Première Guerre mondiale est à cet égard, aux yeux de Kraus, révélateur : « les guerriers de la presse, écrit Jacques Bouveresse, qui ont déchaîné l'hystérie belliciste, entretenu pendant toutes ces années la ferveur cocardière et menti de façon systématique sur la réalité effroyable de la guerre, savaient que rien de ce qui peut arriver aux chefs militaires ou aux responsables politiques ne peut leur arriver à eux. » Ils ont, comme l'écrit Karl Kraus, « joué sans mise » (la manière dont un Alfred Kerr sut passer du bellicisme au pacifisme prenait dès lors valeur de symbole), et c'est la raison pour laquelle Kraus avait proposé après la guerre que les journalistes soient livrés à l'ennemi en guise de tribut, ou alors traduits devant un tribunal international.

Mais cette capacité qu'auraient les journalistes à oublier le lendemain ce qu'ils ont fait la veille ne se manifeste pas que dans ces circonstances extraordinaires ; elle est liée elle aussi à la nature de leur activité : l'actualité change tous les jours, et même si ce qui est vrai un jour est supposé l'être également le jour suivant, « la vérité d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier et n'a même pas forcément un lien d'implication ou de cohérence quelconque avec elle. » Aussi, « celui qui peut oublier et faire oublier le lendemain ce qu'il a écrit la veille n'aura évidemment jamais à rendre compte de rien et à reconnaître des fautes de nature quelconque. »

En dehors du fait qu'ils exercent leur pouvoir en s'exonérant des responsabilités qu'il devrait impliquer, Kraus accuse les journalistes d'associer sans vergogne la liberté de la presse et l'émancipation des individus. Au contraire, estime Kraus, « la liberté de la presse est l'ange exterminateur de la liberté », en ce qu'elle consisterait à donner aux journalistes l'impunité totale pour « crier depuis les toits de la chose imprimée n'importe quelle polissonnerie qui dans les échanges normaux serait pourvue d'une muselière », et à soustraire à toute protection légale « la vie privée, la moralité, la santé et la sécurité économique, et pour finir l'honneur. »

Au regard de ces éléments, Karl Kraus estime qu'au final les bienfaits apportés par la liberté de la presse sont inférieurs aux méfaits qu'elle entraîne, pour cette raison « que le droit d'informer ne peut être dissocié de l'obligation corrélative de le faire honnêtement et que l'on a aucun moyen réel de faire respecter celle-ci, puisque les journaux démontrent à chaque instant qu'ils peuvent l'ignorer en toute impunité. »

Toutes ces critiques restent néanmoins de peu de poids face à l'accusation majeure formulée par Karl Kraus, à savoir que c'est la presse qui devrait être considérée comme la principale responsable des deux catastrophes majeures qui ont frappé l'Europe de la première moitié du XXe siècle : la Grande Guerre et le nazisme, parce qu'elle a été le principal artisan de la corruption de la langue, de ce que Kraus nomme « la catastrophe de la mise en phrases » (die Katastrophe der Phrasen.)

La langue représente en effet pour Karl Kraus bien autre chose qu'un simple outil de communication. Elle est ce à partir de quoi l'on pense : « c'est elle qui guide la pensée en ouvrant ses possibilités ; c'est en elle que la parole se singularise en toute fidélité sémantique à ce qu'elle autorise ; c'est elle qui oblige en disposant le cadre de toute responsabilité de vérité et d'éthique. [Elle est] ce qui énonce la condition de la pensée libre. »

Dans cette perspective, la langue, condition nécessaire de la pensée et de l'éthique, n'est pas un instrument dont on se servirait pour représenter le monde. Elle doit plutôt être vue comme une maîtresse que l'on sert, afin de pouvoir en activer les potentialités expressives. Et ce qui doit réveiller « ce qui en elle est vivant et non pas mécanique, inspiré et non pas à disposition instrumentale », c'est l'imagination, qui ne doit pas être entendue comme un synonyme de « fantaisie », « ne serait-ce que parce qu'elle doit viser sens, ordre, forme et cohérence en produisant analytiquement et synthétiquement un monde. » La langue vivifiée par l'imagination, qui seule est apte à produire de la pensée, s'incarne exemplairement dans la littérature, et plus particulièrement dans le poème parce qu'en lui, « le langage façonne monde et sens par l'imagination », il préserve son unité, qui est en revanche rompue lorsqu'il est assujetti à la représentation de la réalité : « dès lors que la langue se fie aux contenus objectifs et intentionnels qu'elle véhicule, elle se laisse contaminer par les assauts de l'extériorité avec tous ses attributs – valeurs dominantes, discours convenus et obligés, contraintes commerciales de la Presse, idéologie. » Lorsqu'elle « s'épuise dans la duplication d'une objectivité construite et conventionnelle », la langue, devenue « mécanique et disponible, indéfiniment réitérable », est appelée par Kraus : la « phraséologie ».

Cette réduction du langage à un instrument dévitalisé de communication est précisément ce que Karl Kraus reproche au journalisme d'avoir accompli. Et c'est cette mortification de la langue, l'appauvrissement de l'imagination qu'à la fois elle engendre et qu'elle implique (ce qui revient donc à appauvrir la pensée), qui devait selon lui trouver son accomplissement dans la rhétorique de la propagande belliciste ainsi que dans celle du nazisme :

« Le national-socialisme n'a pas anéanti la presse, mais la presse a produit le national-socialisme. En apparence seulement, comme réaction, en réalité comme accomplissement. »

« Ce n'est pas le fait que la presse a mis en mouvement les machines de la mort – mais le fait qu'elle a vidé notre coeur au point que nous ne sommes plus en mesure de concevoir comment ce serait : voilà son crime de guerre. »

Source : fr.wikipedia.org  

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Citations

Les meilleures citations de Karl Kraus.

Comme la possession d'animaux sauvages est interdite par la loi, et que je n'ai aucun plaisir aux animaux domestiques, je préfère rester célibataire.
Bien écrire sans personnalité peut suffire pour le journalisme. A la rigueur pour la science. Jamais pour la littérature.
L'âge n'est jamais qu'un rôle dans le théâtre du monde. Les jeunes se veulent plus vieux, les vieux plus jeunes, et tous meurent de n'avoir pas été.

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Fiche d'identité

Identité

  • Nom complet : --
  • Nationalité (à sa mort) : Autrichienne Drapeau autrichien
  • Nationalité (à sa naissance) : --
  • Sexe : Masculin

Domaines d'activité

  • Activités principales : --
  • Autres activités : Artiste, Écrivain
  • Domaines : Art, Littérature

Noms

  • Nom usuel : Karl Kraus
  • Nom complet : --
  • Prénom : Karl
  • Noms dans d'autres langues : --
  • Homonymes : 0 (aucun)
  • Nom de famille : Kraus
  • Pseudonyme : --
  • Surnom : --
  • Erreurs d'écriture : --

Naissance

  • Signe astrologique du zodiaque : --
  • Signe astrologique chinois : --

Décès

  • Âge de mort : 62 ans
  • Cause de mort : --

Obsèques

  • Date des obsèques : --
  • Lieu de sépulture : --
  • Type de funérailles : --

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