René Guénon

 
René Guénon
1886 - 1951
 

Artiste, Écrivain (Art, Littérature).

Nationalité française Francais, né le 15 novembre 1886 et mort le 7 janvier 1951

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Biographie

René Guénon, également connu sous le nom d'Abd al-Wâhid Yahyâ, né le 15 novembre 1886 à Blois, en France, et mort le 7 janvier 1951 au Caire, en Égypte, est un auteur français, « figure inclassable de l'histoire intellectuelle du XXe siècle ».

Il a publié dix-sept ouvrages de son vivant, auxquels s'ajoutent dix recueils d'articles publiés à titre posthume, soit au total vingt-sept titres régulièrement réédités. Ces livres ont trait, principalement, à la métaphysique, à l'ésotérisme et à la critique du monde moderne.

Dans son oeuvre, il se propose soit d'« exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l'Orient », doctrines métaphysiques que René Guénon définissait comme étant « universelles », soit d'« adapter ces mêmes doctrines [pour des lecteurs occidentaux] en restant toujours strictement fidèle à leur esprit ». Il ne revendiqua que la fonction de « transmetteur » de ces doctrines, dont il déclarait qu'elles sont de nature essentiellement « non individuelle », reliées à une connaissance supérieure, « directe et immédiate », qu'il nomme « intuition intellectuelle ». Ses ouvrages, écrits en français (il contribua également en arabe pour la revue El Maarifâ), sont traduits en plus de vingt langues.

Son oeuvre oppose les civilisations restées fidèles à l'« esprit traditionnel » qui, selon lui, « n'a plus de représentant authentique qu'en Orient » à l'ensemble de la civilisation moderne, considérée comme déviée. Elle a modifié en profondeur la réception de l'ésotérisme en Occident dans la seconde moitié du XXe siècle, et a eu une influence marquante sur des auteurs aussi divers que Mircea Eliade, Raymond Queneau ou encore André Breton.

René Guénon est né le 15 novembre 1886 à Blois, en France, dans une famille catholique. Son père était architecte. De santé fragile, c'est un excellent élève, en sciences comme en lettres. Il entre en classe de mathématiques élémentaires en 1904 puis s'installe à Paris pour étudier les mathématiques (il s'inscrit à l'Association des candidats à l'École polytechnique et à l'École normale). Mais, à la suite de difficultés, dues entre autres à sa santé déficiente, il ne persévère pas, et abandonne ses études en 1906. Installé rue Saint-Louis-en-l'Île, il pénètre alors les milieux occultistes papusiens sans les prendre au sérieux. Papus lui ouvre également les portes de la revue L'Initiation, dans laquelle le jeune homme publie ses premiers articles début 1909. En 1908, Papus organise le IIe Congrès spiritualiste et maçonnique, qui se déroula du 7 au 10 juin, et dont l'un des objectifs affichés était l'édification d'une Maçonnerie dont Teder (Charles Détré) souhaitait arracher la direction au Grand-Orient. Guénon se désolidarise alors immédiatement du Congrès en raison des tendances « réincarnationnistes » affichées par Papus ; de nombreuses années plus tard, il propose une réfutation globale des thèses réincarnationnistes dans son ouvrage L'Erreur spirite. Cet événement, joint à un autre - la constitution de l'Ordre du Temple Rénové (voir infra) - parachèvent la rupture totale de René Guénon avec ce milieu.

Ce passage de René Guénon dans le milieu occultiste a donné lieu à plusieurs commentaires, à commencer par ceux de Guénon lui-même ; ainsi on apprendra beaucoup plus tard qu'il avait un temps nourri le projet d'écrire un ouvrage intitulé L'Erreur occultiste, pour faire pendant à son autre livre L'Erreur spirite, mais qu'il avait finalement renoncé à ce travail après avoir fait la constatation que ce mouvement ne représentait plus rien. Dans un chapitre de son ouvrage Le règne de la quantité et les signes des temps, écrit en 1945, René Guénon revient sur le mouvement occultiste français, qu'il met en comparaison avec un autre courant « néo-spiritualiste » (le mouvement théosophiste de H. P. Blavatsky) et il décrit le premier comme réduit à une somme d'individualités ayant fabriqué de toutes pièces une pseudo-théorie faite d'éléments disparates empruntés à diverses doctrines qu'ils n'ont pas comprises, ne reposant sur aucune filiation authentique et finalement infiltré par des individus aux intentions douteuses. D. Gattegno écrit que par quelque bout qu'on prenne les choses, le niveau intellectuel et culturel de cette vague occultiste « s'avère totalement affligeant », et qu'elle fut surtout l'occasion pour René Guénon de pénétrer un milieu afin d'en attirer les individualités les plus remarquables. Par ailleurs, autour de Papus, écrit D. Gattegno, les orientations « néo-spiritualistes » vont emprunter des chemins très divers, notamment avec Émile Gary de Lacroze, Léonce de Larmandie, sans parler d'individualités jugées bien plus intéressantes par Guénon et qui ne feront que traverser l'occultisme papusien sans se confondre avec lui : Stanislas de Guaita, Joséphin Peladan, Paul Vulliaud, Albert de Pouvourville et bien d'autres encore qui défrayèrent la chronique de ce « Paris occultiste » dont l'histoire se confond avec la Belle Époque et la protéiforme effervescence du Symbolisme artistique et littéraire. Pour D. Gattegno cependant l'oeuvre de Guénon ne procède à aucun degré de ce mouvement. Paul Chacornac note que la présence de René Guénon dans ce milieu lui permit au moins de pénétrer une organisation d'un caractère à la fois plus sérieux et énigmatique : l'Hermetic Brotherhood of Luxor (H. B. of L.), héritée au moins en partie des multiples organisations de Paschal Beverly Randolph (dont la fraternité d'Eulis). René Guénon dira plus tard qu'il avait effectivement appartenu à la H. B. of L., dépositaire, selon Paul Chacornac, de certaines « connaissances effectives. »

Les biographes de René Guénon soulignent le caractère particulièrement désindividualisé de son oeuvre, et s'intéressent très vite à ce qui en constitue les aspects les plus mystérieux : très tôt, dès sa collaboration à la revue La Gnose, c'est-à-dire entre 1909 et 1912, et sous la signature de T. Palingénius (voir infra), il publie un certain nombre d'articles sur le « néospiritualisme contemporain », « Le symbolisme de la Croix», les principes du calcul infinitésimal, « Les conditions de l'existence corporelle », le devenir de l'être humain selon le Vêdânta, les erreurs du spiritisme, qui contiennent, sous une forme résumée mais très reconnaissable, une grande partie de ce qui formera par la suite le coeur de son oeuvre : « C'est donc entre 23 et 26 ans qu'on doit placer l'élaboration de plusieurs de ses livres essentiels ». Ce caractère remarquable de l'oeuvre guénonienne relativise fortement, selon plusieurs de ses biographes, quelques hypothèses formulées à propos de rencontres qu'il fit au lycée, par exemple avec son professeur de philosophie, Albert Leclère, qui devait l'année suivante être nommé professeur à l'université de Fribourg, en Suisse. Albert Leclère était un spécialiste des philosophies présocratiques et évoquait des idées qui étaient déjà un peu en vogue au XIXe siècle, notamment dans les ouvrages d'auteurs tels Frédéric Portal, Jallabert, ou F. de Rougemont, sur l'existence d'un savoir métaphysique commun à toute l'humanité. Mais d'autres auteurs insistent sur le fait que la doctrine plus tard exposée par René Guénon sur l'unité fondamentale de la Métaphysique est sans commune mesure à l'idée, développée par quelques écrivains du XIXe siècle, d'une transmission historique diffuse de certaines données traditionnelles communes à toute l'humanité, et qu'elle s'inscrit beaucoup plus dans la perspective métaphysique selon laquelle « la doctrine de l'Unité est unique ».

Les biographes s'accordent cependant pour voir en l'abbé Ferdinand Gombault (1858-1947), qui était docteur en philosophie, une origine possible de certaines informations que Guénon tenait sur le spiritisme. Guénon entretint d'ailleurs une relation avec lui jusqu'au jour de son départ pour l'Égypte, en 1930. Dès son adolescence, il rencontra le chanoine chez sa tante. L'abbé avait des préventions contre la philosophie allemande (voir ses Dialogues philosophico-théologiques sur la Providence, 1895), condamnait sévèrement le spiritisme (L'Imagination et les phénomènes préternaturels, 1899) et était convaincu de l'existence d'une langue hiéroglyphique originelle (Similitude des écritures figuratives, 1915).

Un événement précipite toutefois la rupture avec les groupes papusiens : la participation, centrale pourrait-on dire, de René Guénon à l'Ordre du Temple Rénové (OTR).

L'Hermetic Brotherhood of Luxor, ou H. B. of L., était une organisation possédant un caractère extrêmement secret auquel l'Ordre Martiniste d'alors servait, selon Paul Chacornac, de couverture extérieure. Or depuis le 19 janvier 1908 des séances se déroulaient à l‘hôtel du 17 rue des Canettes, séances dont les participants étaient des membres de l'Ordre Martiniste et qui reçurent l'ordre de constituer un « Ordre du Temple Rénové », constitué de 21 membres, et dont René Guénon devait être le « Souverain Grand Commandeur ». Contacté par les martinistes, ce dernier répondit favorablement à l'appel. Les conditions dans lesquelles se déroulèrent ces séances furent diversement interprétées : Jean-Pierre Laurant, ainsi que D. Gattegno parlent d'« écriture automatique » tandis que Michel Vâlsan mentionne des « moyens appropriés » pour la réactualisation d'une forme initiatique proprement occidentale. En tous cas, la constitution de cet ordre entraîna les foudres de Teder et celui-ci rédigea, pour le compte du « Grand Maître Papus », un acte d'accusation comportant des fausses lettres de Guénon, selon une méthode qu'il avait déjà utilisée pour discréditer deux Grands Maîtres des débuts de la franc-maçonnerie française : le chevalier écossais James Hector MacLeane, et Charles Radcliffe, comte de Derwentwater, tous deux jacobites. Teder avait commencé sa carrière avec un livre intitulé Les apologistes du crime, d'inspiration « taxilienne » habituelle dans certains milieux antimaçonniques de cette époque et dirigé contre la Maçonnerie écossaise, les jésuites et les catholiques, puis était passé en Belgique d'où il s'était fait expulser pour une affaire de chantage, avant de se réfugier en Angleterre, pays dans lequel il rencontra John Yarker qui lui conféra ses titres de Maçonnerie « irrégulière ». Dans son « rapport », il engagea Papus à prendre « des mesures énergiques » contre Guénon, qui fut donc radié de l'Ordre Martiniste, ainsi que des loges affiliées. L'OTR fut dissous par René Guénon en 1911.

Un autre événement commenté par les biographes de Guénon concerne l'Église gnostique bien que, selon Charles-André Gilis, il soit d'une moindre importance : en 1893, plus de quinze années avant la formation de l'OTR, dans l'hôtel de la duchesse de Pomar, Lady Caithness, il est décidé de procéder à la restauration de l'Église gnostique, faisant référence à Guilhabert de Castres. Aussitôt, Jules Doinel dit avoir retrouvé toute une documentation à la Bibliothèque départementale à Orléans où il était employé, attestant de la validité de cette restauration. Il est élu patriarche de l'Église gnostique de France et adopte le nom de Valentin II. Il consacre alors trois « évêques » : Tau Vincent (Papus), Tau Synésius (Léonce Fabre des Essarts) et Tau Bardesane (Chamuel) : la lettre grecque tau est une signature épiscopale. Après sa fondation, Rome excommunie l'Église gnostique. Jules Doinel, qui avait reçu une solide éducation religieuse, n'avait rompu aucune de ses amitiés catholiques. Saisi par l'angoisse, il retourne dans le giron de l'Église de Rome, puis revient à l'E. G. et, au terme de toute une suite de « revirements », quitte ce monde « tant et si bien que nul n'a pu établir dans quelles dispositions il put bien, au juste, se trouver à sa mort ». Léonce Fabre des Essarts (1848-1917), ami personnel de Victor Hugo, admirateur de Saint-Yves d'Alveydre, fut un temps militant socialiste républicain et franc-maçon, teinté d'orientalisme par la fréquentation de Tau Simon (Albert de Pouvourville) et Tau Théophane (Léon Champrenaud).

René Guénon avait rencontré Léonce Fabre des Essarts au Congrès spiritualiste. Quand Guénon se fit exclure des groupements de Papus à la suite de l'affaire de l'OTR, Léon Champrenaud l'invita chez Synésius. Guénon fut aussitôt élevé au rang d'évêque, sous le nom de Tau Palingénius (Re-né), et Synésius offrit à Guénon la direction de la revue La Gnose, « revue mensuelle consacrée à l'étude des sciences ésotériques », dont Tau Marnès (Alexandre Thomas) était le rédacteur en chef et le gérant, et Tau Mercuranus (Patrice Genty) le secrétaire de rédaction. C'est dans cette revue que Tau Simon, en tant que Matgioï, donna les premières pages de ses deux ouvrages sur les doctrines extrême-orientales : La Voie métaphysique (1905) et La Voie rationnelle (1907).

L'enseignement de l'Église gnostique, tel qu'il apparaissait par les numéros de sa revue, était, grâce aux contributions de certains de ses membres, loin d'être médiocre et tranchait avec les productions occultistes de l'époque : Matgioi (Albert de Pouvourville) et Léon Champrenaud, rattachés respectivement au taoïsme et à l'islam, exerçaient une influence intellectuelle majeure sur les autres membres, et Guénon se servit de cet appui : il comptait davantage sur eux que sur l'Église en elle-même et il écrit ultérieurement que les « néo-gnostiques » n'avaient reçu aucune transmission réelle.

L'Église gnostique prit fin peu de temps après la disparition de l'OTR.

En 1910, durant la collaboration de René Guénon à la revue La Gnose, Théophane-Champrenaud entre en contact avec le peintre suédois Ivan Aguéli (1869-1917), qui se consacre à l'étude des traditions orientales et voyage beaucoup, jusqu'aux Indes. À son retour en Europe, Ivan Aguéli publie des articles et traductions en rapport avec l'ésotérisme islamique. Au Caire, le Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir l'initia au soufisme (sous le nom d'Abdul-Hâdi) et le fit moqqadem(c. a. d. « représentant » de la tarîqa shâdhilite, habilité à recevoir des disciples et leur transmettre l'initiation). Le Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir était un représentant très important de l'Islam, tant des points de vue ésotérique qu'exotérique. Dans ce dernier domaine, il fut le chef du madhab mâleki à al Azhar. La tarîqa shâdhilite fut fondée au XIIIe siècle (VIIe siècle de l'Hégire) par le sheikh Abu-l-Hassan ash-Shadhili, une des plus grandes figures spirituelles de l'Islam, et qui fut, dans l'ordre ésotérique, le « pôle » (« qutb ») de son temps, ce terme désignant une fonction initiatique d'un ordre très élevé. Par Abdul-Hâdi, Léon Champrenaud est initié au soufisme sous le nom d'Abdul-Haqq et René Guénon, sous celui d'Abdel Wâhed Yahia (« Le serviteur de l'Unique »).

Par ses relations avec Matgioi et avec Ivan Aguéli, René Guénon prit toutes les distances requises avec les publications de type occultiste. Il écrit plus tard à Nöelle Maurice-Denis Boulet n'être « entré dans le milieu de « La Gnose » que pour le détruire ».

L'apport intellectuel de Matgioi est décrit par René Guénon en ces termes :

« Avant [Matgioi], la métaphysique chinoise était entièrement inconnue en Europe, on pourrait même dire tout à fait insoupçonnée. [...] Il faut bien reconnaître que rien de vraiment sérieux n'avait été fait à ce point de vue jusqu'aux travaux de Matgioi. »

Dans son roman Le Maître des Sentences, Matgioi évoque, de façon plus ou moins précise, l'idée d'une filiation initiatique transmise par le Tong Song Luat, personnage éponyme du roman, côtoyé en Indochine. Cet homme, nommé Nguyen Van Lu dans le roman, avait confié son fils cadet aux soins du narrateur. Or le fils du « Maître des Sentences », Nguyen Van Cang, séjourna un certain temps à Paris, et il collabora à La Voie (l'ancien nom de La Gnose avant l'arrivée de Guénon). Paul Chacornac déduit de ces données une conjecture selon laquelle un enseignement oral fut donné à Guénon par Nguyen Van Cang, et André Préau alla dans le même sens dans son article « Connaissance orientale et recherche occidentale » paru dans Jayakarnataka en 1934. Selon Frans Vreede, dans une communication au Colloque de Cerisy-la-Salle, René Guénon reçut l'initiation d'une personnalité hindoue affiliée à une branche régulière d'un ordre remontant à Shankaracharya, donc relevant de l'Advaita Vedānta.

Cependant, si l'on sait que c'est par l'intermédiaire d'Ivan Aguéli qu'il est initié à l'ésotérisme islamique, en revanche, certains commentateurs de Guénon sont parfois plus prudents à propos de l'initiation taoïste qu'il aurait reçue : par la connaissance directe du Taoïsme, faut-il entendre la simple fréquentation de Matgioi ou quelque chose d'un autre ordre ? Cependant, à l'un de ses correspondants, René Guénon écrivait, à propos de la voie extrême-orientale : « c'est l'une des voies les plus « dures » intellectuellement que je connaisse ».

La franc-maçonnerie était en France, au moins depuis les écrits de l'abbé Augustin Barruel, au coeur de polémiques qui opposaient férocement les milieux dits « traditionalistes » : ce que Balzac appela « l'envers de l'histoire contemporaine » et dont il mentionnait les linéaments dans son introduction à la trilogie L'Histoire des Treize touchait à « la question la plus troublante et la plus troublée de l'expansion moderne », et cet « envers » s'exprimait dans une cacophonie d'événements contradictoires dont il était parfois bien difficile de comprendre les tenants et aboutissants.

C'est dans ce climat que l'une des plus extraordinaires impostures du XIXe siècle prit naissance : l'affaire Léo Taxil. De 1887 à 1895, Léo Taxil avait été le rédacteur en chef de La France chrétienne, organe du Conseil antimaçonnique de France. Un autre adversaire de la maçonnerie, Abel Clarin de La Rive avait tout d'abord cru à l'authenticité de la mystification taxilienne pour, finalement, avoir été l'instigateur de sa confusion.

À la suite de quoi il prit la direction de La France chrétienne. À partir de 1901, il voulut ouvrir ses colonnes à l'aspect traditionnel de la maçonnerie, faisant appel pour cela au président de la Grande Loge de France, Ch.-M. Limousin ; celui-ci en profitera pour dénoncer l'occultisme de Papus. La France chrétienne accorda un vif intérêt aux écrits de Guénon, allant jusqu'à publier une mise au point sur le Dalaï-Lama.

De l'époque taxilienne, Clarin de la Rive avait réuni une importante documentation qu'il communiqua à Guénon, et celui-ci s'en servit non seulement pour déterminer qui agissait dans l'entourage de Taxil, mais aussi pour dénoncer, beaucoup plus tard, les origines « suspectes » des milieux qui prirent position, dans l'entre-deux guerres, pour la « défense de l'Occident » et contre « le complot judéo-maçonnique ».

Au vu des documents de Clarin de La Rive, Guénon retira la conviction qu'il existait des groupes qui s'efforçaient de jeter le discrédit sur tout ce qui pouvait subsister d'organisations traditionnelles, de nature religieuse ou initiatique. Pour René Guénon, « il convenait que la maçonnerie recouvrât sa véritable vocation, aussi bien contre les mystifications des adversaires qu'envers les maçons eux-mêmes ».

À destination des premiers il écrivit dans La France chrétienne devenue La France antimaçonnique ; pour s'occuper des seconds, quoique évincé de la Loge Humanidad, il trouva confirmation à la Loge Thébah, no 347 (il quittera cette loge en 1913 ou en 1914). Il participe alors, parfois sous couvert de pseudonymes dans des publications maçonnique et antimaçonnique, se mêlant ainsi à des milieux opposés à la fois pour réaffirmer le caractère initiatique de la maçonnerie et pour se tenir au mieux informé de certaines campagnes antitraditionnelles particulièrement énigmatiques.

C'est au domicile de Clarin de La Rive que Guénon fit la connaissance du catholique anti-maçon Olivier de Fremond (1854-1940) qui reconnut chez Guénon « un parfait esprit catholique » mais qui ne parviendra pas à appréhender sereinement la relation de René Guénon avec l'islam.

En 1912, peu après son rattachement à l'ésotérisme islamique, René Guénon se marie avec Berthe Loury, qu'il avait connue chez le chanoine Gombault. C'est à cette époque également que, dans La France antimaçonnique, René Guénon reçut une aide énigmatique de la part d'une signature anonyme (« un gnostique qui n'est pas évêque ») qui permit de dévoiler les accointances plus que compromettantes de certains occultistes. Certains auteurs, dont David Gattegno, pensent qu'il s'agissait de Pierre Germain, que René Guénon connaissait depuis longtemps.

À l'automne 1914, en compagnie de Pierre Germain donc, René Guénon s'inscrivait au cours de Philosophie des Sciences du professeur Milhaud, en Sorbonne. Il propose un mémoire sur la « Métaphysique » dans lequel il défiait toutes les inclinations au modernisme des professeurs de philosophie et de leurs étudiants. En 1925, il proposera la version définitive de cette conférence, encore à la Sorbonne : « La Métaphysique orientale ».

Une jeune étudiante de 19 ans, Noëlle Maurice-Denis Boulet, fut grandement impressionnée par l'exposé de Guénon. Elle avait elle-même fait un peu de remous en proposant « sans vergogne » les principes de la cosmologie thomiste dans un mémoire contre le « Mécanisme ». Elle s'approcha ainsi de René Guénon et de Pierre Germain, et finit par se lier d'amitié avec eux. En outre, dans la foulée de ces rencontres, certains jeudis parisiens furent consacrés à des « réunions méta-philosophiques » avec des camarades de l'Institut catholique. Noëlle Maurice-Denis Boulet entreprit de présenter Guénon au cercle néo-thomiste de l'Institut catholique dont le doyen, le père Émile Peillaube, avait fondé La Revue de philosophie. À partir de 1919, René Guénon y donnera des « comptes rendus » et quelques articles : « Le théosophisme », « La question des mahatmas », ou encore « Théosophisme et franc-maçonnerie », seules collaborations qu'il accordera, jusqu'en 1923.

C'est à cette époque que René Guénon entretint une longue correspondance avec Noëlle Maurice-Denis Boulet dans laquelle, patiemment et point par point, il exposa les imperfections inhérentes selon lui à la scholastique et au thomisme, doctrines qui, par leurs limitations à la seule ontologie s'interdisaient les conceptions véritablement illimitées de la pure Métaphysique orientale. Noëlle Maurice-Denis Boulet ne put admettre dans sa totalité l'ampleur des thèses guénoniennes (même si elle reconnut, quelque quarante années plus tard « la clarté d'exposition, et un sérieux qu'on ne pouvait qu'admirer »). De même, ses commentaires à propos du « Symbolisme de la Croix », qualifié par elle de « livre musulman », ajoutés à des comportements jugés peu élégants, conduisirent certains interprètes de l'oeuvre de Guénon à voir dans cette attitude un résumé de l'incompréhension générale de l'exotérisme à l'égard de l'oeuvre guénonienne.[réf. souhaitée]

René Guénon, « plutôt rétif à l'enseignement conventionnel » échoue à l'épreuve orale de l'agrégation, celle-ci lui ayant réservé comme leçon un sujet de morale. Au même moment, il est licencié d'un établissement parisien dans lequel il enseignait la philosophie : le point de vue de Guénon sur des questions religieuses était totalement opposé à celles du directeur. Il projette alors de se consacrer désormais à ses ouvrages en chantier.

En parallèle, Guénon fréquente le cercle des philosophes et théologiens thomistes regroupé autour de Jacques Maritain, à qui il tentera, vainement, de faire accepter l'idée de la possibilité de l'existence d'un ésotérisme chrétien. C'est grâce à l'intercession de Maritain que le jeune homme trouve à publier ses premiers ouvrages : L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues et Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, en 1921.

Source : fr.wikipedia.org  

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Fiche d'identité

Identité

  • Nom complet : --
  • Nationalité (à sa mort) : Française Drapeau francais
  • Nationalité (à sa naissance) : --
  • Sexe : Masculin

Domaines d'activité

  • Activités principales : --
  • Autres activités : Artiste, Écrivain
  • Domaines : Art, Littérature

Noms

  • Nom usuel : René Guénon
  • Nom complet : --
  • Prénom : René
  • Noms dans d'autres langues : --
  • Homonymes : 0 (aucun)
  • Nom de famille : Guénon
  • Pseudonyme : --
  • Surnom : --
  • Erreurs d'écriture : --

Naissance

  • Signe astrologique du zodiaque : --
  • Signe astrologique chinois : --

Décès

  • Âge de mort : 64 ans
  • Cause de mort : --

Obsèques

  • Date des obsèques : --
  • Lieu de sépulture : --
  • Type de funérailles : --

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 M. Guenon prenait soin de bien sentir l'importance de chaque petit geste de tous les jours.
''Etre d'exception..Rene Guenon'...."PURE SPIRIT"..l'ame qui est encore dans ce corps ,mais donc une grande partie est deja plus elevee, tres haute au dela de la vie quotidienne ''...meme si Mr.Guenon prenait soin de bien sentir l'importance de chaque petit geste de tous les jours'' ainsi que la beatitude d'etre silencieux et respectueux des autres''...il est avec ''Allah '' ou Dieu'' the ALMIGHTY"
Commentez - il y a 4 ans

Commentaires

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Donias https://www.youtube.com/watch?v=oOkPMsJRSpc

RENÉ GUENON , UNE QUETE EXCEPTIONNELLE DE LA VÉRITÉ par slimane rezki
Répondre - il y a 5 ans
Donias La mort dans la sérénité

Lorsque son fidèle ami, Adrian Paterson, qui l'avait beaucoup aidé lors de son installation au Caire, mourut dans un accident en 1944 écrasé par un camion, Guénon prit en charge les frais d'inhumation et lui offrit l'hospitalité de son tombeau. C'est, dès lors, Martin Lings, un autre Britannique converti au soufisme, qui devint son nouvel « homme de confianceDB 81 ». Ce dernier nota que Guénon portait toujours une bague d'or sur laquelle était gravée la syllabe sacrée Om̐ qui lui aurait été donnée par son « Guru ». À sa femme, il avait dit que c'était le nom de Dieu. Après la guerre (comme avant), Guénon eut un très grand nombre de problèmes de santé ce qui explique probablement pourquoi il n'accompagna pas sa femme au pèlerinage à la Mecque en mai 1946PC 46. Prévoyant que les Occidentaux pourraient un jour être chassés d'Égypte et pensant surtout à ses enfants, il demanda sa naturalisation égyptienne en 1949, ce que le roi Farouk accepta.

Il passait toute sa vie à prier et à écrire dans sa maisonLE 78 face aux pyramides, continuant à écrire un grand nombre d'articles et à maintenir sa volumineuse correspondance avec ses lecteurs. Il continua à soutenir plusieurs controverses, notamment avec le directeur de la revue Atlantis, Paul Le Cour (systématiquement en minuscules : « paul le cour »), sa « tête de turc » : Paul le Cour se présentait comme l'héritier du groupe ésotérique controversé du Hiéron de Paray-le-Monial créé par Alexis de Sarachaga au XIXe siècle. Paul le Cour pensait que le Christianisme provenait de l'Atlantide et que toute tradition spirituelle venait de l'Occident. Guénon poursuivit aussi ses controverses avec la revue « antijudéomaçonnique » de Monseigneur Jouin : la Revue internationale des sociétés secrètes. Il ne sortait de chez lui que deux fois par an : une fois pour se rendre au tombeau du Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir et une fois pour une partie de campagne au domicile de Martin Lings.

Guénon recevait très peu de monde, tous triés sur le volet (l'adresse était secrète). Il reçut néanmoins, par exemple, Marco Pallis, converti au bouddhisme tibétain, le fils d'Ananda Coomaraswamy, Abdel-Halim Mahmoud qui devint plus tard le directeur de l'université al-Azhar (et qui dut attendre sans succès sur une chaise des heures devant la maison de Guénon la première fois qu'il chercha à le voir). Les visiteurs furent tous impressionnés par ce personnage, habillé très simplement, d'une courtoisie et d'une pudeur « orientales » extrêmes (on parla de « courtoisie métaphysique »), parlant extrêmement peu mais écoutant très attentivement surtout « le silence». Il semblait attacher une valeur rituelle aux actes simples de la vie quotidienne. À ce propos, Frithjof Schuon fut déçu lors de sa première visite en 1938 : Guénon s'exprima très peu et quand il parla s'était pour dire des banalités sur la vie quotidienne. Schuon fit référence plus tard à une forme d'« épuisement du mental » liée à sa pratique spirituelle : Guénon a écrit un chapitre entier (Chap. XXXII : Les limites du mental) des Aperçus sur l'Initiation sur la nécessité de progressivement renoncer au mental pour atteindre la connaissance intuitive. D'une façon générale, l'impression qu'il avait donnée dans les milieux parisiens dans les années 1920 et qui avait fait penser aux surréalistes qu'il avait trouvé le « surréel » qu'ils cherchaient, c'est-à-dire l'impression d'un homme diaphane qui « semblait bien avoir gagné l'autre bord », s'était accentuée. Enfin, les visiteurs soulignèrent tous l'atmosphère « détendue et affectueuse » de la famille et le fait que Guénon était affectueux et généreux avec ses amis,. Sa femme ne portait pas le voile.
Répondre - il y a 5 ans
Donias Fin 1950, Guénon, qui refusait toute analyse de laboratoireDB 83, fut pris d'une très grande fatigue et s'alita, n'écrivant et ne lisant plus. Le 7 janvier 1951, il se plaignit d'une espèce de spasme. Il se sentit ensuite très bien mais déclara clairement que c'était la fin. Il demanda à sa femme de garder son cabinet de travail intact et, à la grande surprise de cette dernière, il lui dit qu'ainsi il pourra continuer à la voir même s'il est invisible. Assisté par Valentine de Saint-Point, Martin Lings et sa femme, il déclara plusieurs fois dans la journée « l'âme s'en va ». Puis, brusquement, il mourut en répétant plusieurs fois le mot « Allah ».

Sa mort, à la surprise de ses fervents lecteurs qui croyaient toujours qu'il faisait l'objet d'une « conspiration du silence », suscita une « onde de choc médiatique » : sa disparition fut annoncée dans la plupart des journaux nationaux et fit même parfois la une comme dans le journal Combat avec un article de Paul Sérant Sa mort fut aussi largement rendue compte dans la presse de la communauté francophone du Caire, avec laquelle il n'avait pourtant quasiment aucun contact : une cinquantaine d'articles publiés. Une association des « amis de René Guénon » fut même créée au Caire en 1953. Cette frénésie de la communauté française du Caire s'explique, en partie, par sa peur d'être rejetée d'Égypte avec la montée du nationalisme (ce qui aura bien lieu après l'arrivée au pouvoir de Nasser) et de mettre en valeur la figure de Guénon comme un exemple d'un français fondu dans la culture musulmane et donc d’un pont entre la communauté française et les musulmans.

Après la mort de Guénon, ses fidèles poursuivent la publication de son œuvre (un peu plus d'une dizaine d'ouvrages posthumes - essentiellement des recueils d'articles et de comptes rendus - voient le jour) et se consacrent à l'exégèse des différentes traditions religieuses et initiatiques, au sein des Études traditionnelles (essentiellement, à partir de 1959 et sous l'impulsion de Michel Vâlsan, à l'étude des doctrines ésotériques de l'islam34) et ailleurs. Depuis 1982, la revue trimestrielle Vers la tradition entend s’inscrire dans cette lignée ; et Muhammad Vâlsan, fils de Michel Vâlsan, a fondé en 2001 une revue intitulée Science sacrée.

Les principaux ouvrages de René Guénon ont été traduits dans toutes les langues européennes et l'influence de sa pensée n'a, depuis sa disparition, cessé de s'étendre
Répondre - il y a 5 ans
Donias https://www.youtube.com/watch?v=60gaVEqPG5Q

René Guénon Terreurs chimériques et dangers réels
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