Antinoüs et Hadrien, Histoire d'une passion (extrait) Roselyne DUPRAT

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Ysoline
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Merci !

Lorsque l'Empereur posa les yeux sur moi pour la première fois, l'enfant que j'étais alors crut voir le quadrige d'Apollon surgir devant le soleil.

De cet enfant auquel les dieux accordèrent tant de grâces, j'ai conservé l'air timide et doux, le front penché, la chevelure annelée sur laquelle le Souverain aime à poser son auguste main, ainsi que l'ardeur à me perdre dans le songe qui souvent m'attira les foudres de l'impérial amant. L'Empereur aima d'emblée ce petit pâtre grec, mystérieux génie des forêts de Bithynie, qui entra si soudainement dans sa vie, trop jeune encore pour être le dieu qu'il allait devenir en grandissant. Le Souverain portait sur l'enfant un regard à la fois étonné et émerveillé car, prétendait-il, Erôs, le dieu de l'Amour, l'avait conçu à son image. Cependant, si l'enfant ressemblait au dieu, il n'en possédait pas encore les pouvoirs et se montrait bien imparfait. Mais l'Empereur saurait modeler cette tendre argile, la rendre plus dure, plus belle, jusqu'à ce qu'elle prenne l'apparence d'un marbre rare. Il avait trouvé en lui une oeuvre maîtresse à accomplir, la seule qui ne concernerait que lui et ne rendrait de comptes ni aux hommes ni à l'Histoire, mais qu'il pourrait tout aussi bien détruire s'il s'estimait insatisfait.

Merci à Marguerite Yourcenar de m'avoir inspiré ce texte.
il y a 8 ans
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crom Bonjour Ysoline, où peut-on trouver le texte en intégralité ?
Répondre - il y a 8 ans