Religieux (Religion).
Francais, né le 30 novembre 1565 et mort le 9 décembre 1640
Enterré (où exactement ?).
Pierre Fourier est un religieux catholique lorrain, né à Mirecourt, le 30 novembre 1565 et mort à Gray le 9 décembre 1640.
Il est considéré par ses biographes comme l'un des pionniers de la Réforme Catholique, dans le sillage du Concile de Trente et d'autre part comme pionnier en matière d'éducation (promotion de l'enseignement des filles et de la méthode pédagogique dite simultanée).
Béatifié le 29 janvier 1730 par le pape Benoît XIII et canonisé le 27 mai 1897 par le pape Léon XIII, Il est fêté par les catholiques le 9 décembre.
Fils d'un marchand drapier (son père est maître de la Frairie des drapiers de 1579 à 1581), il voit le jour au lendemain du Concile de Trente, alors que se lève en occident le renouveau spirituel de la Réforme catholique. La Lorraine, terre de forte catholicité, accueille et applique sans difficulté les décrets conciliaires à la différence de la France qui demeure toujours réservée vis-à-vis des décisions romaines, du fait de ses positions gallicanes.
En 1578, à l'âge de 14 ans, il entre à la Faculté jésuite des Arts de Pont-à-Mousson où il poursuit pendant six ans des études de grammaire et de rhétorique. Son cousin Jean Fourier (1559-1636) y est professeur de théologie avant de devenir recteur de l'université. Le Père jésuite Louis Richeome - surnommé le Cicéron français- le marque profondément avec sa conception optimiste de la nature humaine qui rejoint l'enseignement du Concile de Trente et annonce l'Humanisme dévot.
En 1585, il entre chez les Chanoines réguliers de Chaumousey près d'Épinal. Ordonné prêtre à Trèves le 25 février 1589, il célébre sa première messe à l'abbaye de Chaumousey le 24 juin. Il revient ensuite à l'Université de Pont-à-Mousson où il accomplit pendant sept ans des études de théologie et de droit, au contact du légiste Pierre Grégoire fondateur de l'«École doctrinale de Droit Public de Pont-à-Mousson». Il est formé à la théologie de Saint Thomas actualisée par le dominicain Cajetan. La Lorraine connaît à cette époque une période faste marquée par le déclin du régime féodal et l'affermissement de l'autorité de l'État : mise en place d'une magistrature, centralisation du pouvoir ducal, institution des États-généraux. De profondes nouveautés économiques voient également le jour : montée du crédit et du commerce d'exportation, instauration d'une économie dirigée qui préfigure le Colbertisme. Il revient à l'abbaye de Chaumousey en 1595 et administre la paroisse du village qui dépend de l'abbaye jusqu'en 1597.
On lui confie en 1623 la réforme de l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin, ordre religieux tombé dans un certain laxisme . À de nombreuses reprises entre août 1625 et janvier 1626, Pierre Fourier séjourne à l'abbaye de Domèvre-sur-Vezouze. Il institue la Congrégation de Notre-Sauveur dont il devient le supérieur pour le duché de Lorraine en 1632.
En 1597, il devient le curé de Mattaincourt (Vosges) , paroisse où résident de nombreux foyers protestants et considéré par les autorités catholiques comme un village « déchristianisé », dont il reste le curé jusqu'à sa mort en 1640.
Il associe son ministère rural à de grands projets apostoliques comme l'institution de la Congrégation Notre-Dame, la réforme des chanoines réguliers et la création d'un enseignement élémentaire, que ses biographes tiennent pour ses titres de gloire essentiels .
Détenteur en tant que curé de Mattaincourt des droits de moyenne et basse justice, il exerce les pouvoirs de seigneur justicier. (Voir section ci-dessous : Les fonctions administratives )
Le même privilège de juridiction lui permet de faire montre d'un grand dévouement pour les pauvres. En ce siècle tourmenté (guerre de Trente Ans, famine), il prône la solidarité envers les plus démunis ; il crée un système d'entraide proche du Secours catholique qu'il appelle une petite dévotionnette (équipe de cinq à six laïques qui collectent des vivres et les distribuent), et il met en place une soupe populaire.
Pour éviter aux artisans en difficulté d'avoir à emprunter de l'argent aux usuriers, il crée une caisse mutuelle : la bourse Saint-Epvre qui prête sans gage et sans intérêt
Il oeuvre pour la promotion de la santé ( nourriture saine, salubrité des locaux, pureté de l'eau consommée) et participe activement à la lutte contre la Grande Peste de 1631-32 en édictant des règles et des pratiques qui enrayent la progression du mal.
Le concile de Trente rappelle le rôle de la catéchèse mais aussi celui de la culture profane dans l'évolution spirituelle du chrétien. Pierre Fourier écrit aux religieuses de Mirecourt en 1619 :« Gagner une seule âme dans vos écoles..., est plus que de créer un monde ». Pour satisfaire au besoin d'instruction des filles il crée avec de jeunes bourgeoises de la ville et avec la romarimontaine Alix Le Clerc, une association qui devient la Congrégation Notre-Dame en 1628 (appelée parfois également la congrégation Saint-Augustin) et qui se destine à l'éducation gratuite des filles. La première école ouvre non loin de Mattaincourt, à Poussay, où se tient un chapitre de dames nobles, en 1598. Tolérant, il demande aux religieuses d'accueillir à l'école les petites protestantes et insiste dans une de ses lettres pour que rien ne soit fait qui « puisse troubler leur foi ».
Cette nouvelle congrégation du fait de son attachement exclusif à l'enseignement des filles ( adjonction d'un quatrième voeu « de l'instruction » aux trois voeux traditionnels des ordres religieux ) marque une date dans l'histoire de l'éducation et dans les progrès des principes pédagogiques l'enseignement ( Recueil de Pierre Fourier , les vrayes constitution de la congrégation Notre-Dame publiées neuf ans après sa mort, en 1649) :
L'enseignement est distribué à des groupes d'élèves au même niveau de formation. L'école est divisée en « classes » et chacune de celle-ci en plusieurs « ordres » Chaque ordre dirigé par une maîtresse comprend quinze à vingt écolières. Usant chacune du même manuel, toutes apprenaient à lire en même temps.
Cette méthode neuve, rationnelle et efficace trouvera sa pleine application avec la diffusion du livre « à bon marché » qui intervient à la fin du siècle.
On lui doit l'invention du tableau noir et son introduction dans les classes.
Outre ses fonctions de curé de Mattaincourt, Pierre Fourier assurait des fonctions administratives.
En effet, les coutumes lorraines de l'époque attribuaient des fonctions municipales au curé de la paroisse. Chaque année, le dimanche avant la saint Jean, il présidait une assemblée où étaient élus le maitre d'école, le marguillier qui gérait les biens de l'église, un échevin et un lieutenant de justice. Par délégation du duc de Lorraine, il rend la basse et la moyenne justice (selon que l'amende est inférieure ou supérieure à 10 sols).
Depuis 1627, un édit du duc Charles IV obligeait tout individu entrant dans une ville du duché à être en possession d'un certificat attestant qu'il était indemne d'infection contagieuse et en particulier de la peste. Dans la correspondance de Pierre Fourier, on retrouve un certificat qu'il rédige le 15 septembre 1631 : « Je soussigné Curé et Chef de justice à Mattaincourt en Lorraine sous l'autorité de son Altesse, atteste à tous qu'il appartiendra que ce jourd'hui quinzième septembre mil six cent trente et un, Jean Mailfer, fils de Hugues Mailfer, natif de Châlons-en-Champagne, est sorti dudit Mattaincourt, qui y a séjourné dix sept semaines ou environ, au quel lieu Dieu grâce, n'y a aucun danger de peste ni d'autres maladies contagieuses. En foi de quoi j'ai signé les présentes et y apposé le cachet de notre justice. Faict audit Mattaincourt les an et jour que dessus »
Outre son action durant l'épidémie de peste, il impose un rationnement du blé lors de la disette de 1626, selon le principe chacun selon ses besoins et non pas en fonction de sa fortune.
Alors que Louis XIII et le cardinal de Richelieu essaient d'annexer le duché de Lorraine, sa fidélité à son souverain légitime, le duc de Lorraine et de Bar Charles IV, lui vaut d'être expulsé en 1636 par le redoutable prélat. Il trouvera refuge à Gray en Franche-Comté, alors possession espagnole. Il a alors 71 ans.
À son arrivée, il ne trouva pour logement qu'un réduit de 2m90 × 2m70 et 2m42 de haut, dans une vieille bâtisse carrée, ayant seulement 3 fenêtres pour l'éclairage et une vieille cheminée (datant de 1338) pour se chauffer. L'accès au logement se fait par un tour, escalier construit dans un cylindre en bois pouvant être tourné de façon à masquer la porte d'entrée : c'est de ce système, et non pas de la bâtisse carrée, que vient l'appellation "le tour Saint Pierre Fourier" donnée au lieu.
Même dans l'adversité, il reste un patriote lorraintrès attaché à la famille ducale. Depuis trois ans à Gray, dans une lettre adressée à la duchesse Nicole, il l'assure de sa fidélité et de son attachement à la famille ducale en ces termes : « comme très humbles et très fidèles et très obéissants sujets, portent en tout temps à leurs bons princes, et encore à leurs bonnes princesses. C'est le coeur des lorrains ».
Il y meurt quatre ans plus tard à l'âge de 75 ans.
Pierre Fourier est l'archétype du patriote Lorrain. Ses portraits (vitraux, statues...) sont le plus souvent auréolés de sa devise, qu'il a reprise à saint Ambroise : Obesse nemini, omnibus prodesse (ne nuire à personne, être utile à tous).
Aujourd'hui certains établissements scolaires portent son nom, par exemple à Mirecourt, Paris dans le 12e arrondissement, à Lunéville en Lorraine et à Gray. Une statue le représentant (oeuvre du sculpteur français Louis Noël) orne l'un des piliers entourant l'autel surplombant la tombe de l'apôtre Saint Pierre au centre de la basilique Saint-Pierre de Rome.
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