Française, née le 8 octobre 1903 et morte le 7 novembre 1938
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Cela fera 86 ans que Colette Peignot est morte le jeudi 7 novembre 2024. Plus que 25 jours...
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Colette Peignot, née le 8 octobre 1903 à Meudon et morte le 7 novembre 1938 à Saint-Germain-en-Laye, est une femme de lettres française connue sous le pseudonyme de Laure. À sa mort, elle laisse derrière elle plusieurs manuscrits poétiques, enflammés et torturés, dont l'Histoire d'une petite fille (1943).
Colette Peignot est issue d’une famille bourgeoise et cultivée ; du côté maternel, son grand-père est imprimeur en taille-douce (Charles-Armant Chardon), son arrière-grand-père est académicien et fondateur du Musée du Moyen Âge (Albert Lenoir) et son arrière-arrière-grand-père est le fondateur du Musée des monuments français (Alexandre Lenoir); du côté paternel, son père est un fondeur de caractères typographiques (Georges Peignot), responsable de la création de plusieurs polices de caractères renommées (Grasset, Auriol, Garamond, etc.) dans le cadre de l'entreprise G. Peignot et Fils.
L'enfance de Colette Peignot est pourtant tragique. Trois drames la marquent à jamais ; à 13 ans, elle perd son père et ses trois oncles, fauchés par la Première Guerre mondiale (la douleur ébranle profondément la famille, la veuve ne quittera plus l'habit de deuil jusqu'à sa propre mort dans les années 1960). Ensuite, au même âge, elle contracte la tuberculose au contact de son oncle Lucien et de sa jeune cousine (qui n'en réchappèrent pas, ni l'un ni l'autre) et manque d'en mourir d'une violente crise. Enfin, elle est victime d'abus sexuels répétés de la part d'un ecclésiastique, et du déni de sa mère bigote.
Élève du Cours Desir, étudiante éphémère de Marguerite Long, elle entre bientôt en rébellion avec sa famille et son milieu en menant une vie de femme libre.
En 1925, elle rencontre le journaliste anarchiste Jean Bernier, ami de Drieu et des surréalistes, son aîné de huit ans. Leur relation se place d'emblée dans une recherche d'absolu: Ella Maillart, amie de Colette Peignot, rapporte qu'elle aurait lancé dès le premier soir: « Je veux boire votre sang à votre bouche ». Mais le couple mal assorti (il entretient une liaison avec une femme malade qu'il tient en pitié) ne dure pas, se déchire, entre épreuves d'absence et épisodes de maladie. Elle part en Corse, puis voyage dans le sud de la France, puis revient à Paris. Elle découvre qu'elle est enceinte en même temps qu'elle est terrassée par une crise de tuberculose. Épuisée, le 9 janvier 1927, Colette Peignot se tire une balle dans la poitrine. Elle en réchappe.
En 1928, après ou lors d'un séjour au sanatorium de Leysin, elle rencontre Eduard Trautner, médecin, poète et écrivain proche des cercles communistes, ami de Brecht. Elle part vivre six mois à Berlin (au no 129 de la Hohenzollerndamm) dans une réclusion et une soumission totales : fin lettré, Trautner est un amateur de Sade et de Sacher-Masoch, et ses fantasmes entrent en résonance avec le nihilisme de sa proie. Elle s'échappe en concluant : « Une nuit je me suis enfuie. C’était trop, trop parfait dans le genre ».
En 1930, elle met à profit ses cours de langue russe suivis aux Langues orientales et, dans un élan idéaliste, part en Union soviétique pour y partager la vie des moujiks dans un kolkhoze. En route, elle rencontre des écrivains, Victor Serge et Boris Pilniak (dont elle devient la maîtresse). Elle séjourne à Leningrad, Sotchi et Moscou. Mais, désargentée et malade, elle doit revenir en France.
Elle vit ensuite une vie dissolue à Paris, rue Blomet, se donnant sans plaisir à des hommes de passage, selon G. Bataille. Puis elle rencontre Boris Souvarine, l'un des fondateurs du Parti communiste français, surnommé « Léon Bourénine » dans les Écrits de Laure, avec qui elle entretient une relation apaisée mais triste. Dans son sillage, elle adhère et participe activement aux réunions du Cercle communiste démocratique, où elle croise la philosophe Simone Weil avec qui elle se lie d'une profonde amitié, ainsi que Michel Leiris, Georges Bataille, Raymond Queneau, Pierre Kaan, Karl Korsch...
Grâce à l'héritage de son père qu'elle peut toucher enfin, elle subventionne abondamment la revue du Cercle, La Critique sociale, et y écrit également plusieurs articles (treize sous le nom de plume « Claude Araxe », deux sous les seules initiales de « C. P. », soit sept comptes rendus d'ouvrages publiés originellement en russe et huit articles sur la politique ou la culture soviétique ). Le nom « Araxe » est le nom d’un fleuve d’Azerbaïdjan, évoqué par Virgile dans l'Énéide, « torrentiel, qui ne supportait pas qu’on lui imposât un pont pour le franchir », comme le lui révèle Souvarine.
En 1933 et 1934, elle écrit également six articles pour Le travailleur communiste syndical et coopératif (hebdomadaire de Paul Rassinier), organe de la Fédération communiste indépendante de l'Est, fondée en novembre 1932 par un groupe de communistes oppositionnels du Doubs, avec le soutien du Cercle de Souvarine.
En 1934, elle quitte Boris Souvarine pour Georges Bataille. Victime d'une « prétendue crise de démence », elle est hospitalisée dans la clinique du docteur Weil, père de Simone Weil, et suivie ensuite par le docteur Adrien Borel, psychiatre et ami de Bataille. Pendant l'été 1935, elle s'installe chez Georges Bataille. Leur relation « intense » se révèle destructrice, entre alcoolisme, humiliations publiques, et tournée des bordels, mais également mondaine et cultivée, en compagnie de Michel Leiris, André Masson, Roger Caillois, Pierre Klossowski et Jean Rollin, tout autant que folle (la société secrète Acéphale et son délire de sacrifice humain en étant le prototype le plus abouti). C'est à ce moment qu'elle choisit son nouveau nom de plume, Laure, l’un de ses prénoms de baptême (Colette Laure Lucienne Peignot), mais aussi en référence à Laure de Sade, la muse de Pétrarque et l'aïeule du « divin marquis ».
Colette Peignot finit sa vie dans une indigence complète, médicamentée à l'extrême, et la tuberculose l'emporte, en 1938, à trente-cinq ans, dans une chambre triste et austère louée par Georges Bataille à Saint-Germain-en-Laye. Peu avant de mourir, elle écrit à Bataille : « j’ai haï notre vie, souvent je voulais me sauver, partir seule dans la montagne (c’était sauver ma vie maintenant je le sais). »
Elle est enterrée au cimetière de Fourqueux, alors en Seine-et-Oise, dans une tombe difficile à identifier, surmontée d'un buis taillé en forme de « L » . Juste avant la fermeture du cercueil, Michel Leiris y glisse cinq dés, « concrétions du destin que l'on tient dans la main »; de son côté, Georges Bataille jette sur la dépouille quelques pages du Mariage du ciel et de l'enfer de William Blake. Quelques années plus tard, il évoque avec émotion la douloureuse agonie de Laure, dans de nombreux fragments retrouvés de son essai Le Coupable (1944), écrivant notamment : « Je viens de raconter ma vie : la mort avait pris le nom de LAURE ».
Colette Peignot a souffert toute sa vie d'une santé fragile, de crises de fièvre, de toux à en perdre connaissance, crises nerveuses, pulsions suicidaires, avortements… Elle a erré de sanatoriums en maisons de repos, nomade médicale (« l'errance continue «, « litanie de ses déplacements ») à une époque où l'on traite la tuberculose par l'inactivité : Vernet-les-Bains en 1919, Barèges, Lourdes et Lavernoze en 1923, Banyuls en 1926, Bois-Cerf en Suisse, Céret, Prats-de-Mollo, Laccabanasse en 1927, Leysin en 1928, Combloux en 1930, etc.
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