Pape argentin de 2013 à 2025, connu pour être le premier pape jésuite et latino-américain de l’histoire, mais surtout pour son style humble, son langage direct, ses positions audacieuses en faveur des pauvres, des migrants, de l’écologie et du dialogue interreligieux, tout en cherchant à réformer une Église catholique secouée par des crises internes et à la rendre plus proche, plus synodale et plus miséricordieuse.
Argentin, né le 17 décembre 1936 et mort le 21 avril 2025
Enterré (où exactement ?).
Jorge Mario Bergoglio, né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires et mort le 21 avril 2025 au Vatican, est un ecclésiastique argentin. De son élection en 2013 à sa mort, il est évêque de Rome, chef d'État du Vatican et 266e pape de l’Église catholique sous le nom de François (en latin : Franciscus, en italien : Francesco, en espagnol : Francisco). Il était auparavant archevêque de Buenos Aires. Premier pape issu des rangs de la Compagnie de Jésus et premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III au viiie siècle, François est aussi le premier pape issu du continent américain et le premier à prendre ce nom, en mémoire de François d'Assise. Son pontificat, d'une durée de douze ans, est marqué par un déplacement du centre de gravité de l'Église vers, entre autres, l'Amérique latine et l'Afrique, et des prises de position progressistes en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, pour l'accueil des réfugiés et la justice sociale. Il entretient toutefois une doctrine conservatrice concernant les droits LGBT et l'accès à l'avortement. Il poursuit la lutte contre la pédocriminalité dans l'Église ainsi que le dialogue interreligieux entamés par son prédécesseur, et se mobilise en faveur de l'Ukraine lors de l'invasion de celle-ci par la Russie, ainsi que pour un cessez-le-feu immédiat à la Guerre à Gaza depuis 2023. Ce style et ces prises de position en font un souverain pontife populaire auprès des fidèles mais clivant au sein de la classe politique internationale, où il est très critiqué par les partis d'extrême droite et parfois de droite, ainsi qu'au sein de l'Église même, où il est contesté par les conservateurs.
Jorge Mario Bergoglio est l'un des cinq enfants de Mario Bergoglio, cheminot, et de son épouse née Regina Maria Sivori, femme au foyer, tous deux immigrés de la région du Piémont en Italie. Il vit depuis l'âge de vingt ans avec un seul poumon à la suite d'une opération chirurgicale après une maladie infectieuse respiratoire contractée pendant son adolescence.
Jorge Mario Bergoglio a suivi une formation de technicien en chimie avant d'entrer au séminaire de Villa Devoto, puis au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 11 mars 1958. Il fait ses humanités au Chili et revient en 1963 à Buenos Aires pour ses études de philosophie.
Après une expérience d'enseignement (régence) de la littérature dans un collège de Santa Fe (Colegio de la Inmaculada) et dans un collège de Buenos Aires (Colegio del Salvador) (1964 à 1966), il fait ses études de théologie au Colegio Máximo San José de San Miguel de Buenos Aires qui dépend de l'université jésuite del Salvador (1967 à 1970), puis est ordonné prêtre le 13 décembre 1969 par l'archevêque Ramón José Castellano. Il continue ensuite ses études à la faculté théologique et philosophique San José de San Miguel.
Après une année (1971-1972) de Troisième An à Alcalá de Henares en Espagne, Jorge Mario Bergoglio est nommé maître des novices du Colegio Máximo San José de San Miguel en 1972 et fait profession solennelle le 22 avril 1973. Trois mois plus tard, le 31 juillet 1973, âgé d'à peine trente-six ans, il est nommé provincial d'Argentine en remplacement de Ricardo O'Farell pour une durée de six ans.
Membre depuis la fin des années 1960 de l'organisation péroniste Organización Única del Trasvasamiento Generacional (OUTG), il confie, fin 1974, le contrôle de l'université del Salvador à d'ex-membres de cette organisation controversée, dissoute à la mort de Juan Perón. Il est ensuite nommé en 1980 recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel (l'ancien Colegio Máximo San José), tout en y étant professeur de théologie. Il est également pendant cette période curé de la paroisse Saint-Joseph de San Miguel.
En 1986, il se rend en Allemagne pour terminer sa thèse à la Faculté de philosophie et de théologie de Sankt Georgen de Francfort. À son retour en Argentine, il est directeur spirituel et confesseur à Córdoba.
Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires le 20 mai 1992, puis coadjuteur du même archidiocèse le 3 juin 1997. Le 28 février 1998, à la mort du cardinal Antonio Quarracino, il devient archevêque de l'archidiocèse de Buenos Aires.
Il est aussi l'évêque ordinaire des fidèles de rite oriental.
Jean-Paul II le nomme cardinal lors du consistoire du 21 février 2001 avec le titre de cardinal-prêtre de San Roberto Bellarmino. En 2001, le Jeudi saint, Jorge Mario Bergoglio lave les pieds de douze personnes atteintes du SIDA à l'hôpital Francisco Muniz de Buenos Aires, spécialisé dans le traitement des maladies infectieuses.
Selon le vaticaniste Lucio Brunelli (it) qui publie dans la revue géopolitique Limes le journal tenu pendant les deux jours du conclave d'avril 2005 par un cardinal, Jorge Mario Bergoglio est au cours de ce conclave le principal challenger du cardinal Ratzinger qui aurait recueilli au quatrième et dernier tour du scrutin 84 voix contre 26 pour lui, et 5 votes dispersés. Il se retire alors de la course les larmes aux yeux. Au sein de la Curie romaine, il est membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, de la Congrégation pour le clergé, de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, du Conseil pontifical pour la famille et de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.
Lorsque, en octobre 2007, le père Christian von Wernich est condamné pour torture, acte qualifié de crime contre l'humanité commis pendant la dictature militaire de 1976-1983, et alors qu'est évoqué le soutien apporté à cette époque par la hiérarchie ecclésiastique à la junte, le cardinal Bergoglio exclut que l'Église puisse en tant qu'institution avoir une part dans les crimes de la « guerre sale », rejetant cette responsabilité sur des individus isolés.
Après deux jours de délibérations et cinq scrutins, Jorge Mario Bergoglio est élu pape, le 13 mars 2013, comme l'annonce la fumée blanche qui sort de la chapelle Sixtine à 19 h 06. Il choisit le nom de François annoncé par le cardinal protodiacre français Jean-Louis Tauran. Ce prénom, choisi en référence à saint François d'Assise, pourrait être le signe fort d'une volonté de simplicité évangélique, de sollicitude pour les pauvres et d'attachement à la pauvreté, selon le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Bernard Podvin. Ce choix pourrait également être un hommage à saint François Xavier, cofondateur de la Compagnie de Jésus. Après Albino Luciani (Jean-Paul Ier), Karol Wojtyła (Jean-Paul II) et Joseph Ratzinger (Benoît XVI), tous trois nommés par Paul VI, c'est le premier cardinal nommé par Jean-Paul II à devenir pape.
Depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, François adresse sa bénédiction apostolique urbi et orbi (« À la ville et au monde ») d'abord à la « communauté diocésaine de Rome », déclarant que « le conclave a donné un évêque à Rome ». Il ajoute : « les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde ». Il prie ensuite pour Benoît XVI qu'il appelle « évêque émérite », étant lui-même évêque de Rome et s'adressant à la « communauté diocésaine de Rome », récite le Notre Père, le Je vous salue Marie, et la petite doxologie Gloria Patri, puis demande à la foule de faire silence et de prier pour lui avant qu'il donne sa bénédiction.
Il est dit du pape François qu'il a mené jusqu'à son élection une vie très simple, préférant par exemple emprunter les transports en commun plutôt qu'une voiture de fonction et qu'il porte un intérêt particulier à la situation des pauvres. Il lui est aussi arrivé d'aller passer la nuit dans un bidonville. Sa devise (Miserando atque eligendo : « En ayant pitié et en choisissant - ou : élisant ») montre son intérêt pour ce problème de la misère.
Le 30 septembre 2009, Bergoglio a parlé lors d'une conférence organisée par l'école Argentina City Postgraduate School (EPOCA), à l'hôtel Alvear Palace Hotel, intitulée « Las deudas sociales de nuestro tiempo » (La dette sociale de notre temps), où il a cité le document de 1992 « Documento de Santo Domingo » par le Conseil épiscopal latino-américain, en disant « la pauvreté extrême et les structures économiques injustes qui causent de grandes inégalités » sont des violations des droits de l'homme. Il a poursuivi en décrivant la dette sociale comme étant « immorale, injuste et non légitime ».
Suivant la doctrine traditionnelle de l'Église catholique, il s'est exprimé comme évêque contre l'euthanasie ainsi que contre le mariage des prêtres et s'est engagé vainement dans son pays contre le mariage homosexuel. Concernant l'avortement, il estime que c'est davantage un problème d'éthique au-delà même du religieux, considérant qu'un être humain existe dès la « formation de son code génétique » : selon lui l'avortement est une privation du premier des droits de l'homme, celui du droit à la vie.
En mai 2012, il critique sévèrement certains prêtres argentins qui dans ce qu'il décrit comme un « néo-cléricalisme » qui détourne les sacrements de leur objet , refusent de baptiser les enfants de mères célibataires, affirmant que dénier le baptême aux enfants nés hors mariage est une forme de « gnosticisme hypocrite pharisien » qui éloigne les gens du salut. L'archevêque de Buenos Aires appelle au contraire le clergé à aller au-devant des familles éloignées de la pratique religieuse pour proposer le baptême ; avec ses confrères il publie un guide sur « le baptême comme clef de la mission » pour proposer des moyens de vaincre les réticences.
En octobre 2012, la conférence épiscopale d'Argentine émet sous sa responsabilité une déclaration pour s'excuser de l'échec de l'Église à protéger la population durant la dictature et condamne cette période de violence, tant du côté de la junte que de la guérilla.
Après à peine plus de vingt-quatre heures de délibérations et cinq scrutins, Jorge Mario Bergoglio est élu pape, le 13 mars 2013, comme l'annonce la fumée assez foncée, puis blanche, qui sort de la cheminée de la chapelle Sixtine à 19 h 6, fumée blanche confirmée quelques secondes plus tard par la sonnerie, à toute volée, des six cloches de la basilique. Il choisit le nom de François annoncé par le cardinal protodiacre français Jean-Louis Tauran. Il a expliqué avoir choisi ce nom en référence à saint François d'Assise, le saint des pauvres (« François est le nom de la paix, et c'est ainsi que ce nom est venu dans mon coeur ») après que le cardinal Claudio Hummes, préfet émérite de Congrégation pour le Clergé, archevêque émérite de São Paulo, lui a dit « Et n'oublie pas les pauvres ! ». Certains vaticanistes remarquent que ce nom peut être aussi compris en seconde intention comme une référence à saint François Xavier, cofondateur de la Compagnie de Jésus. Albino Luciani (Jean-Paul Ier), Karol Wojtyła (Jean-Paul II) et Joseph Ratzinger (Benoît XVI), avaient tous trois été nommés cardinaux par Paul VI. Jorge Mario Bergoglio est le premier cardinal nommé par Jean-Paul II à devenir pape. De plus, il a demandé explicitement à être désigné par « François », et non « François premier ».
Depuis le balcon de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, François adresse sa bénédiction apostolique Bénédiction urbi et orbi (« À la ville et au monde ») d'abord à la « communauté diocésaine de Rome », déclarant que « le conclave a donné un évêque à Rome ». Il ajoute : « les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde ». Il prie ensuite pour Benoît XVI qu'il appelle « évêque émérite » étant lui-même évêque de Rome et récite en italien le Notre Père, le Je vous salue Marie, et la petite doxologie : Gloire au Père... (« Gloria Patri... »), puis demande à la foule de faire silence et de prier pour lui avant qu'il donne sa bénédiction.
Pour son audience inaugurale, il reçoit dans une certaine cordialité la présidente d'Argentine, qui lui évoque la situation diplomatique des Malouines en demandant une intercession auprès du Royaume-Uni.
Le pape François salue la foule à la fin de la messe inaugurale.
La première « messe d'inauguration du ministère pétrinien de l'évêque de Rome » devant 150 000 à 200 000 fidèles et 132 délégations officielles de pays du monde entier a lieu le 19 mars 2013 sur la place Saint-Pierre au Vatican. Elle commence par la visite du pape au Tombeau de saint Pierre devant lequel il prie. La messe proprement dite a été précédée de la remise des insignes pontificaux : le pallium pétrinien est remis (imposition du pallium) en premier au pape par le cardinal protodiacre Tauran. Puis l'anneau du pêcheur est remis par le Cardinal Re, premier de l'ordre des évêques : cette bague est en argent massif, et pas en or comme celle de ses prédecesseurs. Dans son homélie, le pape invite « à avoir du respect pour tous, pour chaque personne, spécialement les enfants, les personnes âgées, ceux qui sont les plus fragiles et qui souvent se trouvent à la périphérie de notre coeur ».
Le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomeos Ier était présent. Il a souligné que « Cela n'a eu lieu ni avant ni après 1054 » (grand schisme d'Orient). Reçu le lendemain par ce pape qui se présente lui-même habituellement comme évêque de Rome, le patriarche le qualifia de « premier évêque de la vénérable Église de Rome, qui préside dans la charité ».
Le blason figurant sur les armoiries papales, rendues publiques le 18 mars 2013, est presque identique à celui qu'il utilisait en tant qu'archevêque de Buenos Aires et reprend en les mêlant les formes des blasons de ses deux prédécesseurs : la mitre pontificale à trois bandes d'or de Benoît XVI et les clés de saint Pierre dans la forme du blason de Jean-Paul II. En revanche, le pallium archiépiscopal que Benoît XVI avait placé le premier sous le blason disparaît.
Le blason est de type « espagnol », d'azur à un soleil non figuré de 32 rais d'or, chargé du monogramme IHS surmonté d'une croix pattée au pied fiché dans la barre horizontale du H, le tout de gueules, soutenu de trois clous de sable appointés en bande, pal et barre, le tout accompagné en pointe d'une étoile d'or à huit branches à dextre et d'une fleur de nard de même, versée et posée en bande, à senestre. Le meuble assez complexe situé en chef est le sceau de l'ordre des jésuites, qui reprend le monogramme du Christ, tandis que l'étoile symbolise la Vierge Marie, et la fleur de nard saint Joseph.
Dans les armes que portait le cardinal Bergoglio comme archevêque de Buenos Aires, l'étoile et la fleur de nard étaient d'argent et non d'or. De plus, le 29 mars 2013, une nouvelle version des armoiries papales a été publiées, dans laquelle l'étoile, qui jusqu'alors était à cinq branches, est maintenant à huit branches, en référence aux huit béatitudes.
François a gardé sa devise archiépiscopale : « Miserando atque eligendo ». Celle-ci est tirée des Homélies de Bède le Vénérable. Ce dernier, commentant le récit évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit : « Vidit ergo Jesus publicanum, et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi, Sequere me » (« Alors Jésus vit un publicain, et, parce qu'il le regardait avec des sentiments de miséricorde [ou : d'amour] et qu'il l'avait choisi, il lui dit : Suis-moi »). Cette homélie, où il est fait allusion à la miséricorde de Dieu, est reproduite dans la liturgie des Heures du jour de la saint Matthieu (21 septembre). Le souverain pontife explique avoir ressenti sa vocation au cours de cette fête en 1953.
Le 23 mars 2013, dans une rencontre sans précédent dans l'histoire de la chrétienté, le pape François rencontre son prédécesseur Benoît XVI à Castel Gandolfo lors d'un échange de près de trois heures. Bien qu'aucune information sur l'entretien n'ait filtré, certains commentateurs estiment que les deux hommes ont discuté des dossiers importants impliquant le Vatican, dont l'affaire « Vatileaks », ainsi que sur des questions plus ouvertes (réforme de la curie romaine, évolution du gouvernement de l'Église, point sur le dossier lefebvriste, finances vaticanes).
Un mois après son élection et suivant l'une des recommandations importantes issues des congrégations générales, la secrétairerie d'État du Vatican rend publique la constitution d'un groupe de travail collégial de cardinaux pour conseiller le pape dans le gouvernement de l'Église et, plus particulièrement, étudier un projet de réforme de la Curie en révisant la constitution apostolique Pastor Bonus promulguée par Jean-Paul II en 1988.
Traduisant le souci de collégialité affiché depuis le début du pontificat, ce conseil - consultatif et non décisionnel - regroupe huit cardinaux issus des différents continents : l'italien Giuseppe Bertello (président du gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican), l'allemand Reinhard Marx (archevêque de Munich), l'indien Oswald Gracias (archevêque de Bombay), le congolais Laurent Monsengwo Pasinya (archevêque de Kinshasa), l'australien George Pell (archevêque de Sydney), l'américain Sean Patrick O'Malley (archevêque de Boston), le chilien Francisco Javier Errázuriz Ossa (ancien archevêque de Santiago) et le hondurien Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga (archevêque de Tegucigalpa) qui est chargé de la coordination du conseil. Ce groupe, dont plusieurs cardinaux étaient considérés comme papabile et ont tenu un rôle important lors des congrégations générales, a pour secrétaire l'évêque italien Marcello Semeraro.
Lors de l'audience générale du mercredi 24 avril 2013, le pape François a qualifié l'Institut pour les oeuvres de religion de « nécessaire jusqu'à un certain point », annonçant une réforme de la « Banque du Vatican ».
Au terme de l'audience générale du mercredi 24 avril 2013, le pape François affirme aux grands-mères de la place de Mai présentes qu'elles peuvent « compter sur [lui] » concernant l'ouverture des archives de l'Église au sujet de la dictature argentine. La semaine suivante, à l'occasion de la Fête du Travail, suivant ses prises de position plusieurs fois affirmées, il appelle à son audience hebdomadaire place Saint-Pierre les dirigeants politiques à « relancer le marché du travail » et lutter contre le chômage qui résulte pour lui « d'une vision économique de la société fondée sur le profit égoïste en dehors des règles de justice sociale », les appelant à se consacrer à la création d'emplois car « le travail est essentiel pour la dignité ». Dénonçant le « travail d'esclave », il affirme que « ne pas verser un salaire juste, ne pas donner du travail parce qu'on ne regarde que les comptes d'une entreprise, rechercher le seul profit - tout cela est contraire à Dieu ».
Lors du premier entretien à la presse de son pontificat, publié simultanément en septembre 2013 dans La Civiltà Cattolica et quinze autres revues culturelles jésuites, il opère ce que les commentateurs décrivent comme une « ouverture historique », une « rupture » porteuses de réformes, ou encore un « aggiornamento » parfois qualifié de « révolutionnaire ». Dans cet entretien long de trente pages, le pape François rappelle qu'« une pastorale missionnaire n'est pas obsédée par la transmission désarticulée d'une multitude de doctrines à imposer avec insistance » et « qu'on ne peut pas insister seulement sur les questions liées à l'avortement, au mariage homosexuel et à l'utilisation de méthodes contraceptives ». Il prône ainsi l'ouverture, la miséricorde et l'accompagnement de l'Église catholique vis-à-vis des personnes divorcées, des personnes homosexuelles ou encore des femmes qui ont subi un avortement, expliquant que « l'ingérence spirituelle dans la vie des personnes n'est pas possible ». Il s'agit pour l'Église de trouver un nouvel équilibre sans quoi « l'édifice moral de l'Église risque lui aussi de s'écrouler ».
Le pape, plaçant l'Évangile avant la doctrine, compare l'Église à un « hôpital de campagne » après une bataille : on attend d'elle qu'elle soigne les blessures « avant d'aborder le reste ». Il estime ainsi qu'il faut « commencer par le bas ». Concernant la place des femmes dans l'Église, il estime nécessaire « d'agrandir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l'Église » et appelle à réfléchir sur la place précise des femmes, [...] là où s'exerce l'autorité dans les différents domaines de l'Église ».
Il entend rompre avec la tradition centralisatrice de la curie romaine en invitant les églises locales à jouer un plus grand rôle et invite à s'inspirer des églises orthodoxes en matière de collégialité et de synodalité, tout en jugeant nécessaire de rendre rendre « moins rigides dans leur forme » les consistoires et synodes catholiques. Ainsi, il promeut une vision renouvelée de l'oecuménisme, fondée sur la conviction que les confession chrétiennes ont à apprendre les unes des autres.
Pour son premier déplacement à l'étranger, le pape François se rend au Brésil où se déroulent du 23 au 28 juillet 2013 les 28 e Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro. L'évènement, clôturé par une messe sur la plage de Copacabana, rassemble plus de trois millions de fidèles dans une atmosphère festive visant à concurrencer les Églises évangéliques vers lesquelles de nombreux catholiques brésiliens se sont détournés.
S'entretenant de façon imprévue avec la presse lors de son retour, il n'esquive aucune question, déclarant que la voie à l'ordination des femmes n'est pas d'actualité et que « si une personne est gay et qu'elle cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l'Église catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser les homosexuels. Ils sont nos frères. Le problème n'est pas d'avoir cette tendance, c'est de faire du lobbying ». Pour certains observateurs, cette approche d'une église catholique engageant le dialogue « avec le monde » contraste avec la position plus timide du théologien Benoît XVI, davantage tourné vers les problèmes éthiques et préconisant une Église plus pure, au risque d'en réduire le nombre de fidèles.
Le 5 juillet 2013 c'est à nouveau une région pauvre de l'Italie méridionale, le Molise qu'il visite. Ce déplacement est motivé notamment par l'ouverture de l''année jubilaire célestinienne, en mémoire du pape Célestin V dont on célèbre le huit-centième anniversaire de la naissance et qui est resté dans l'histoire pour avoir renonce à la charge pontificale.
Le 8 juillet 2013, le pape se rend sur l'île italienne de Lampedusa située au large de la Tunisie, porte d'entrée en Europe pour de nombreux migrants africains. Cette visite, décidée quelques jours auparavant en réponse à une recrudescence d'arrivée de migrants, se déroule avec un protocole très allégé, sans représentant du gouvernement italien ni représentant de l'épiscopat italien autre que l'évêque du lieu. Elle a pour objectif d'attirer l'attention du monde sur la situation des migrants et fustiger « La culture du bien-être » qui rend les hommes « insensibles aux cris d'autrui (...) et aboutit à une globalisation de l'indifférence ».
Le 22 septembre 2013 le pape effectue une visite pastorale à Cagliari en Sardaigne. Les questions liées à la dignité humaine face aux épreuves que constituent la maladie, le chômage ou la précarité sont au centre de ce voyage dans une région durement frappée par la crise économique.
Le 27 octobre 2013, le compte Twitter du Pape François atteind dix millions d'abonnés. @Pontifex, décliné dans plusieurs langues, a gagné quatre millions de followers en six mois.
Quelques jours plus tard, le 4 octobre 2013, en la fête de Saint François, le pape reprend son bâton de pèlerin et se rend à Assise, pour un déplacement à portée plus spirituelle sur les traces de celui dont il a pris le nom.
Le mardi 26 novembre 2013, le pape François rend public le 1er document de son pontificat appelé La joie de l'Évangile dans lequel il appelle à une réforme de l'Eglise à tous les niveaux, préconisant "une conversion de la papauté" et se disant "ouvert aux suggestions" pour un exercice de son ministère plus conforme à l'Evangile.
Dimanche 12 janvier 2014, le pape François annonce la création, lors d'un consistoire le 22 février 2014, de 16 cardinaux électeurs (de moins de 80 ans), dont 9 viennent des pays du Sud. Au total, 19 cardinaux seront créés (si l'on tient compte de l'ajout de 3 cardinaux de plus de 80 ans, qui ne sont donc pas électeurs).
Le jeudi 27 mars 2014, Barack Obama et le pape François se saluent pour la 1ère fois au Vatican. Barack Obama ne cache pas son admiration pour le pape avec qui il partage des idées sur le plan social (même si les dossiers éthiques séparent les 2 hommes).
Le 21 juin 2014, le pape se rend en visite pastorale en Calabre dans le diocèse de Cassano all'Ionio, diocèse dont l'évêque n'est autre que Nunzio Galantino, secrétaire général de la CEI. Dans cette région marquée par la la puissance de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, le pape est allé à la rencontre des détenus de la prison de Castrovillari, puis a rencontré le clergé du diocèse à la cathédrale avant de célébrer une messe devant 250000 fidèles au cours de laquelle il déclare « La Ndrangheta est ceci : adoration du mal et mépris du bien commun. [...] Ceux qui dans leur vie suivent cette voie du mal, comme le sont les mafieux, ne sont pas en communion avec Dieu : ils sont excommuniés ». Cette excommunication intervient trois mois après la veillée à Rome avec les victimes de la mafia italienne au cours de laquelle il avait imploré les mafieux a changer de comportement.
Le lundi 07 juillet 2014, le pape François reçoit au Vatican 6 victimes de prêtres pédophiles. Il célèbrera la messe avec les 6 victimes et en a profiter pour dénoncer les comportements de "complicité" d'une partie de la hiérarchie religieuse.
Le 18 août 2014, le pape François déclare être favorable à une intervention internationale en Irak sous l'égide de l'ONU pour arrêter "l'agression injuste" des djihadistes.
Le pape François, élu depuis un peu plus d’un an, entame la phase la plus visible et engagée de son pontificat. Il vient alors de rentrer d’un voyage en Corée du Sud, où il a rencontré la jeunesse asiatique et béatifié 124 martyrs coréens. Ce voyage marque le ton : François veut une Église missionnaire, proche des peuples, des pauvres, et des périphéries.
Entre 2014 et 2024, François effectue de nombreux voyages internationaux, souvent dans des zones de conflit ou à forte tension religieuse ou sociale :
2015 : Il se rend à Cuba et aux États-Unis, prononce un discours historique au Congrès américain, et visite Ground Zero.
2016 : Il se rend à Lesbos en Grèce, d’où il repart avec plusieurs familles de réfugiés syriens — un geste à haute portée symbolique.
2017 : Il visite la Birmanie et le Bangladesh, et évoque le sort dramatique des Rohingyas.
2019 : Il se rend aux Émirats arabes unis, première visite d’un pape dans la péninsule arabique, et signe un document historique sur la fraternité humaine avec l’imam d’Al-Azhar.
Son style : une diplomatie du geste, simple, incarnée, toujours tournée vers la paix, l’accueil et le dialogue interreligieux.
François approfondit ses réformes et ses orientations sociales et spirituelles :
- Il convoque deux synodes sur la famille (2014-2015), qui débouchent sur l’exhortation Amoris Laetitia (2016). Celle-ci ouvre la voie à un discernement pastoral pour l’accès à la communion des divorcés remariés, ce qui provoque tensions et critiques au sein de l’Église.
- Il multiplie les prises de parole sur les migrants, l’écologie (Laudato Si’, 2015), la pauvreté, les abus sexuels dans l’Église (avec des mesures de plus en plus fermes à partir de 2018), et sur les dangers du cléricalisme.
- Il initie en 2021 un processus inédit : le Synode sur la synodalité, vaste consultation mondiale du peuple catholique, pour repenser la gouvernance de l’Église.
François se heurte régulièrement à une opposition interne, notamment dans les milieux conservateurs. Certains remettent en cause ses positions jugées trop "progressistes", voire floues doctrinalement.
Il reste cependant inébranlable : il réforme la Curie, limite les mandats dans les dicastères, lutte contre les scandales financiers du Vatican, et nomme des cardinaux issus des périphéries du monde.
En octobre 2023, la première session du Synode sur la synodalité se tient à Rome avec une nouveauté historique : des laïcs — y compris des femmes — y participent et votent. Une révolution dans la forme, même si les décisions doctrinales restent prudentes.
En 2024, malgré ses problèmes de santé croissants, François continue d’exercer son ministère avec ténacité. Il multiplie les gestes de proximité : rencontres avec les pauvres, les jeunes, les prisonniers.
Le pape François s’est imposé comme un leader mondial respecté — même en dehors des cercles religieux.
Son pontificat est celui : de la miséricorde, du dialogue entre les religions et du réveil d’une Église humble, inquiète pour la planète et les exclus.
Et malgré les résistances, il a profondément changé le ton, le visage, et l’agenda de l’Église catholique.
Le Pape François est mort le lundi 21 avril 2025, à l'âge de 88 ans, au Vatican.
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Sûrement l'un des papes les plus appréciés et les plus appréciables. Progressiste, pour la cause LGBT, le droit des femmes dans l'église...bref, un grand homme !
Les avis sont tranchés! Je suis athée, et je déplore la morale étriquée du clergé, mais ce pape a osé parler au nom des homosexuels, "qui suis-je pour les juger?", pour moi c'est un bond colossal mais il s'est arrêté là, on l'a stoppé net, et quid de l'IVG? Engoncé dans le costume rigide de la Foi, François a fait ce qu'il a pu, moi je l'ai bien aimé, alors ciao !
Un brave