Artiste, Bassiste, Chanteur, Musicien (Art, Musique).
Américain, né le 1er décembre 1951 et mort le 21 septembre 1987
Enterré (où exactement ?).
Jaco Pastorius (John Francis Pastorius) est un bassiste de jazz américain, né le 1er décembre 1951 à Norristown (Pennsylvanie) et mort le 21 septembre 1987 à Fort Lauderdale (Floride). Autoproclamé « plus grand bassiste du monde », technicien virtuose, il a eu une influence majeure sur le rôle de la basse électrique et son passage du rôle de simple accompagnateur à véritable soliste. Pat Metheny dit de lui qu'il est « le dernier jazzman du XXe siècle a avoir influencé les générations suivantes ».
John Francis, dit Jaco, Pastorius naît en 1951 en Pennsylvanie. Son père, musicien professionnel (batteur et chanteur) est d'origine allemande et sa mère d'origine finlandaise. Il a 7 ans quand sa famille s'installe en Floride. C'est là que Jaco passe son enfance et s'imprègne de toutes les musiques qu'il peut entendre (musique des Caraïbes, jazz, Rhythm and Blues, rock...).
Il est allé à l'école élémentaire à la St. Clement Catholic School, puis au lycée au Northeast High à Oakland Park. Athlète doué, il a pratiqué de nombreux sports, dont le football américain, le basket-ball, le baseball. Il semble que son arrogance lui ait valu des déboires assez tôt : à 13 ans, il fut pris en embuscade par un joueur de football énervé contre lui, ce qui lui laissa un poignet brisé, et affecta conséquemment sa capacité à jouer de la batterie.
Il s'initie au piano, à la guitare et même au saxophone. À 15 ans, après une nouvelle opération au bras, il adopte définitivement la basse. Il utilise une basse fretless qu'il s'est bricolée à partir d'une Fender Jazz Bass 1962 en en enlevant les frettes, en recouvrant le manche de plusieurs couches d'un vernis epoxy et en y adaptant des cordes à « filets ronds ».
Il débute dans des orchestre locaux, notamment « La Olas Brass », un groupe de cuivres de neuf musiciens, qui faisait des reprises d'Aretha Franklin, Otis Redding, Wilson Pickett, James Brown et le Tijuana Brass : le bassiste David Neubauer étant parti, il prit la place et commença son ascension irrésistible de bassiste légendaire. Il joue, un temps, sur des bateaux de croisière (il va croiser les musiciens des Wailers et découvrir le reggae en Jamaïque). Il fait une très longue tournée avec les C.C. Riders (alias Cochran's Circuit Riders), le groupe du chanteur Wayne Cochran. Pastorius considérera toujours cette tournée comme la période la plus heureuse de sa vie.
Né "John Francis Pastorius III", son nom de confirmation Anthony produit "John Francis Anthony Pastorius III". Le choix du nom "Jaco" semble avoir été influencé par son admiration pour le joueur de base-ball Jocko Conlon. Une erreur d'orthographe dans une lettre adressée par le pianiste français Alex Darqui aurait orienté son choix vers "Jaco".
Les influences les plus importantes sont, d'après lui : James Brown, les Beatles, Miles Davis, et Igor Stravinski, qui représentent les quatre sources d'influence principales pour lui - funk, rock, jazz et classique.
D'autres influences citées par lui : Jimi Hendrix, Duke Ellington, Charlie Parker, Paul Hindemith, Frank Sinatra, Tony Bennett, The Band, Santana, Frank Zappa, Bob Marley, Rocco Prestia, Ray Charles, Charles Mingus, John Coltrane, Otis Redding, Cannonball Adderley, Jerry Jemmott, James Jamerson et Lucas Cottle (un bassiste néo-zélandais inconnu qui jouait souvent avec lui).
Au début des années 1970, installé à Miami, Pastorius joue dans l'orchestre du multi-instrumentiste Ira Sullivan et donne des cours à l'Université. Là, il rencontre le jeune Pat Metheny qui lui présente le pianiste Paul Bley. En 1974, le groupe de Bley, composé de Metheny, Pastorius et du batteur Bruce Ditmas, enregistre un album (qui, « business oblige », sera réédité ultérieurement sous le titre «Jaco», le bassiste étant entre temps devenu une « vedette »). En 1975, Pastorius joue aux côtés du batteur Bob Moses sur le premier disque de Pat Metheny Bright size life qui est en fait a l'origine la demo de Metheny pour chercher des concerts... ECM distribuera ce disque comme un album produit par la maison.
En 1975, il enregistre pour le label Epic son premier album comme leader, intitulé Jaco Pastorius. C'est cet album qui lui apporte la célébrité. Il est vrai que ce disque est foisonnant et donne un bon aperçu de la virtuosité et du large spectre musical de Pastorius (jazz, rhythm and blues, rock, musique des Caraïbes. On peut y entendre une époustouflante reprise en duo avec le percussionniste Don Alias du standard bebop « Donna Lee » de Charlie Parker, un sublime morceau en solo « Portrait of Tracy » (où Pastorius utilise - largement au delà de ce qui était alors entendu - la technique du jeu mélodique et en accords en harmoniques et démontre que la basse peut être abordée comme un instrument polyphonique), un thème soul « Come on, come over » avec les chanteurs Sam and Dave, des titres jazz fusion ou latin jazz avec Herbie Hancock et Hubert Laws, etc. Cet album sort en 1976, année de sortie de l'album Black Market de Weather Report dans lequel il joue deux morceaux.
La même année, il enregistre, pour la première fois avec la chanteuse Joni Mitchell, l'album « Hejira ».
C'est donc en 1976 qu'il rejoint Weather Report, le groupe de jazz rock fondé par Joe Zawinul et Wayne Shorter dans lequel Pastorius restera jusqu'en 1982. Avec l'arrivée de Pastorius, et grâce au charisme de ce dernier, Weather Report connaît un succès planétaire dépassant largement le petit cercle des amateurs de jazz. Zawinul et Shorter ne s'y trompent pas et Pastorius est co-producteur dès le deuxième album. On peut entendre Pastorius sur les albums Black Market (1976), Heavy Weather - qui contient « Birdland » et « Teen Town » - (1977), Mr Gone (1978), 8:30 (1979), Night Passage (1980) et Weather Report (1982).Joe Zawinul surnomma Jaco "the catalyst" en raison de sa capacité à catalyser l'attention du public.
Pour quantifier l'importance de Jaco dans l'univers du Jazz Rock, citons par exemple la simple phrase publiée quelques années plus tard lors d'un tour d'horizon historique par le magazine "Le Monde de la musique", "fin 82, Pastorius et Erskine quittent Weather Report, mort du Jazz Rock"...
Entre 1977 et 1979, Pastorius est par ailleurs très actif. Il enregistre comme accompagnateur de la chanteuse Joni Mitchell avec le guitariste Pat Metheny et le percussionniste Don Alias « Don Juan's Reckless Daughter » (1977), « Shadows and lights » et « Mingus » (1979) . On peut l'entendre aussi aux côtés du tromboniste Albert Mangelsdorff, d'Airto Moreira, de Flora Purim, d'Herbie Hancock, de Michel Colombier, et même sur le morceau « Une simple mélodie » de Michel Polnareff.
C'est à cette époque que Jaco Pastorius commence à avoir des comportements de plus en plus étranges. Il souffre en effet de troubles bipolaires (psychose maniaco depressive) où alternent phases d'euphorie et phases de depression. Par ailleurs, il consomme beaucoup de drogue et d'alcool. Ceci aboutit à des prestations catastrophiques (le concert à La Havane avec John McLaughlin et Tony Williams, en 1979, est resté l'un des pires souvenirs du guitariste britannique), des dates annulées, des altercations avec des musiciens et des dirigeants de maisons de disques,...
En 1981, Jaco enregistre pour le label Warner Music Group avec un big band monté pour l'occasion, le Word of mouth, un album éponyme. On trouve dans cet orchestre des musiciens comme Don Alias, Peter Erskine, Herbie Hancock, Othello Molineaux, Michael Brecker, Howard Johnson, Hubert Laws, Wayne Shorter, Toots Thielemans,... Ce sont sensiblement les même musiciens qui jouent sur l'album Birthday concert enregistré en public pour les 30 ans du bassiste. Le jeu de Pastorius est à l'époque à son apogée.
En 1982, il enregistre un dernier album, éponyme, avec Weather Report. Pastorius fait une tournée avec le Word of Mouth remonté pour l'occasion. L'orchestre se produit entre autres au Japon (où est enregistré le double album live Twins, dont sera tiré l'album Invitation). Si de nombreux concerts sont merveilleux - comme l'atteste l'écoute des disques - , cette tournée est pour le moins chaotique. Certains concerts sont catastrophiques et les anecdotes sur le comportement « déplacé » du bassiste commencent à remplir la rubrique scandales des journaux. Pastorius doit dissoudre l'orchestre.
Jaco Pastorius enregistre ce qui sera publié après sa mort comme l'album Holiday for pans. Cet album, assez étrange, est essentiellement consacré à l'utilisation des steel drums et met en avant Othello Molineaux, spécialiste de l'instrument. À l'époque, le producteur de la maison de disques refuse de sortir l'album, dont la réalisation a pourtant été coûteuse, considérant la musique enregistrée comme trop hermétique et pensant qu'un tel produit n'aurait aucun avenir commercial. Jaco en restera très frustré. L'album sortira donc dans les années 1990, mais les bandes originales, qui avaient été laissées un peu à l'abandon, se sont retrouvées dans les mains de clones de Jaco, copiant son son et son style[réf. nécessaire].
Pastorius se retrouve donc sans maison de disque et sans orchestre. Ses problèmes psychiatriques sont de plus en plus néfastes à sa carrière. Il enchaîne les accidents (comme la chute d'un balcon en Italie) et les scandales (apparitions sur scène nu, couvert de boue, ivre mort...). Les anecdotes sur ses « excentricités » abondent, parfois amusantes (convoqué en urgence pour une répétition au milieu de la nuit, Brian Melvin trouve le bassiste en train de jouer avec un canard en plastique dans son bain), mais le plus souvent tragiques (lors d'une tournée en Allemagne avec Biréli Lagrène, il saute du bus et est retrouvé le lendemain par la police locale dormant dans la neige vêtu d'un seul t-shirt). Il suit un temps un traitement au Lithium qui le rend apathique. Dès qu'il cesse ce traitement, il redevient incontrôlable.
À partir de 1984, son comportement lui ferme les portes d'une bonne partie de la scène musicale. On peut cependant l'entendre auprès de Mike Stern, Hiram Bullock, Brian Melvin, Biréli Lagrène, etc. Ses concerts et ses disques de l'époque ressemblent malheureusement souvent à des « jam sessions » informelles et bruyantes. Ils ne sont souvent, même si on y trouve parfois de bonnes surprises, qu'un pâle reflet de son génie. Il participe cependant en 1985 à la réalisation d'une excellente vidéo pédagogique Modern Electric Bass.
En 1986, il est devenu sans domicile fixe, dormant à la belle étoile et passant la plupart de son temps à traîner avec des clochards sur un terrain de basket. En juillet, il est interné à l'hôpital psychiatrique Bellevue (New York). En décembre, il retourne en Floride, habite un temps chez son père avant de reprendre une vie de semi-clochard. Il est régulièrement arrêté par la police, et « interdit de séjour » dans de nombreux clubs de jazz. De même, il est fréquemment éjecté manu militari de concerts d'autres musiciens durant lesquels il essaie de monter sur scène sans y être invité (concert de Carlos Santana à Fort Lauderdale, par exemple).
Un soir de septembre 1987, il est violemment battu par un videur de boîte de nuit, après s'être battu avec le directeur de la boîte, Luke Havan, devant le Midnight Bottom Club à Wilton Manors, Fort Lauderdale. On retrouve Pastorius gisant, ayant perdu un oeil et souffrant d'un traumatisme crânien ainsi que d'une pneumonie. Il est conduit à l'hôpital où il meurt 10 jours plus tard en ayant presque pas repris connaissance. La légende dit que son coeur s'est arrêté 3 heures après que l'on eut débranché son assistance respiratoire, alors que son électro-encéphalogramme était plat.
Jaco Pastorius est un musicien clé dans l'histoire de la guitare basse. À l'instar de Jimi Hendrix pour la guitare ou de Charlie Parker pour le saxophone, Pastorius a révolutionné l'approche de son instrument. Par sa virtuosité, son inventivité, son sens du groove, son exploration de toutes les ressources de l'instrument (rythmiques, mélodiques, harmoniques, etc., mais aussi des spécificités des instruments « amplifiés »: larsen, utilisation de pédales d'effets, il a inspiré des milliers de bassistes. Il y a un « son Pastorius » qu'on retouve encore aujourd'hui chez de nombreux musiciens.
Plus largement, Jaco Pastorius a apporté au jazz un vent de folie (il n'est pas innocent qu'une de ses compositions soit titrée « Punk jazz ») jusqu'alors étranger à ce style de musique. Il fait une magnifique prestation sur "black market" lors d'un concert à la Stadthalle à Offenbach (Allemagne).
Pastorius était aussi un compositeur remarquable. On lui doit des titres qui sont devenu des standards de jazz : « Continuum », « Portrait of Tracy », « Three views of a secret », « Teen town », « Liberty city », « Reza », « Used to be a cha cha », « River people », « Opus pocus », etc.
Pastorius était surtout connu pour son utilisation de deux basses Fender jazz du début des années 1960. Il y en avait un modèle avec frettes, l'autre sans : le modèle fretless avait été élaboré par ses soins, grâce à son habileté artisanale. Notamment, la basse fretless qu'il s'était construite lui permettait des jeux plus rapides.
Il fut l'un des premiers bassistes à utiliser les contrôles d'equalizer pour remonter la puissance des fréquences moyennes, accentuant ainsi le rendu déjà très "rond" de sa Fender fretless. Il utilisait aussi l'effet Delay MXR (qu'on peut entendre sur son solo avec Weather Report, "Slang", où il met en boucle un petit riff avant de jouer un solo par-dessus). Cet effet lui permettait de créer également un son très particulier, doublant les notes quand il réglait le delay au minimum. Il utilisa plus tard une pédale Chorus et un Octaver (notamment dans les sessions avec Biréli Lagrène, en 1986). C'était également un maître sans précédent de l'utilisation des harmoniques naturelles et artificielles (particulièrement dans Portrait of Tracy), ce qui lui permettait d'obtenir des effets sonores proches d'un carillon. Les harmoniques sur basse fretless étaient considérées auparavant comme quasiment impossibles.
Ses deux basses de 1962 ont été volées peu après son entrée à l'hôpital de Bellevue, en 1986 ; elles ne furent jamais retrouvées. Il possédait aussi deux basses Jaydee conçues pour lui peu avant sa mort. À la fin des années 1990, une personne a prétendu les posséder en essayant de les vendre sur ebay, mais la vente fut annulée en raison des protestations des fans.
Peter Erskine, ancien batteur de Weather Report et sideman émérite avec Don Alias (percussionniste) de Jaco rapporte sur les commentaires de l'album "30th anniversary" qu'il travaillait énormément son jeu scénique (cf. son morceau "Slang", où il jouait son dernier accord en sautant à pieds joints sur sa basse notamment en saupoudrant la scène de talc pour lui permettre de pivoter plus vite sur ses pieds (ce qui énervait passablement Joe Zawinul à la longue). Cette épisode démontre que Jaco, non content de soigner sa virtuosité et de composer/arranger parfaitement, tenait à un jeu scénique unique pour caractériser son génie musical, à l'instar d'un Jimi Hendrix.
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