Artiste, Écrivain, Évêque, Religieux (Art, Littérature, Religion).
Francais, né le 27 septembre 1627 et mort le 12 avril 1704
Enterré (où exactement ?).
Jacques-Bénigne Bossuet (surnommé parfois l'Aigle de Meaux), né le 27 septembre 1627 à Dijon (France) et décédé le 12 avril 1704 à Paris était un homme d'Église, Évêque de Meaux, prédicateur et écrivain français. Certains voient en lui « le plus grand [orateur] peut-être que le monde ait connu. »
Originaire d'une famille de magistrats, il fit ses études secondaires au collège des Jésuites de Dijon, qui lui donnèrent une éducation classique et un goût pour les langues anciennes (apprentissage du grec et du latin). À 15 ans il vient à Paris pour y poursuivre ses études au collège de Navarre, où il eut pour maître Nicolas Cornet. Il y étudia en profondeur la philosophie et la théologie. Bien que destiné au sacerdoce, il fréquenta pour quelque temps un milieu mondain: Corneille ne lui déplaisait pas, il s'adonnait à l'écriture de vers précieux et ne dénigrait pas l'Hôtel de Rambouillet.
Ordonné sous-diacre à Langres en 1648, il fit l'expérience d'une conversion religieuse et abandonna sa vie mondaine. C'est l'époque de sa Méditation sur la Brièveté de la Vie, qui porte les traces de ses futurs ouvrages. La même année, il exposa le principal de ses idées sur le rôle de la Providence, dans sa Méditation sur la félicité des saints. En 1652, reçu docteur en théologie, il est ordonné prêtre et devient l'archidiacre de Sarrebourg dans le même temps, puis, en 1654, celui de Metz.
Souvent appelé à Paris, il commença à s'y faire une grande réputation pour ses sermons et ses panégyriques de saints. Il prêcha un Avent et un Carême devant la reine-mère et devant le roi, et opéra parmi les Protestants un grand nombre de conversions, parmi lesquelles on cite celles de Turenne et de sa nièce Mademoiselle de Duras, de Dangeau. C'est pour aider ces nouveaux catholiques qu'il rédigea son Exposition de la doctrine de l'Église. Bossuet subit plusieurs influences : celles du jésuite Claude de Lingendes, des jansénistes Saint-Cyran et Singlin, et celle plus remarquable de saint Vincent de Paul. Ce dernier tenait, à l'église Saint-Lazare, des conférences sur la prédication, auxquelles Bossuet assistait. Son éloquence en fut marquée, elle se fit plus proche et plus simple.
La plupart de ses discours improvisés sont perdus. Quelques heures avant de monter en chaire, il méditait son texte, jetait sur le papier quelques notes et paroles du Christ, quelques passages des Pères, pour guider sa marche. Quelquefois il dictait rapidement de plus longs morceaux, puis se livrait à l'inspiration du moment, et s'étonnait de l'impression qu'il produisait sur ses auditeurs.
Il nous est parvenu quelque deux cents des cinq ou six cents sermons prononcés, car Bossuet ne les considérait pas comme des oeuvres littéraires dignes d'être imprimées. C'est à la fin du XVIIIe siècle que certains sermons furent conservés, grâce au travail de Dom Deforis. Cependant, ce ne sont en réalité que des brouillons, alourdis par les ratures et les variantes, et qui ne nous offrent qu'une idée approximative de sa prédication.
Le 21 septembre 1670, Charles-Maurice Le Tellier devenu archevêque de Reims, consacre, avec l'assentiment du Pape, Jacques Bénigne Bossuet comme évêque de Condom (Gers), en l'église des Cordeliers à Pontoise ; mais l'année suivante il renonce à ce poste et devient le précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV. Le Roi lui donne le Prieuré du Plessis-Grimoult.
Cette même année et les suivantes, il prononça plusieurs Oraisons funèbres dans lesquelles il fait sentir avec ampleur et musicalité le néant des grandeurs humaines. Il prononça en 1669 l'oraison funèbre de Henriette de France, reine d'Angleterre puis neuf mois plus tard celle de sa fille, Madame, Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, belle-soeur du roi, décédée subitement à l'âge de 26 ans, et dont l'oraison funèbre « ...Madame se meurt, Madame est morte... » est la plus fameuse et en 1683 celle de la reine Marie-Thérèse d'Autriche. Les oraisons funèbres ne sont qu'au nombre de douze ; ce sont des chefs-d'oeuvre d'éloquence, sans modèle depuis l'Antiquité.
Il devient précepteur du dauphin Louis de France, le fils du roi Louis XIV et de Marie-Thérèse en septembre 1670 mais l'éloquence du prélat est peu faite pour un enfant de 10 ans et le dauphin avouera [réf. souhaitée] plus tard que ses différents précepteurs l'ont dégoûté à jamais de tout effort intellectuel. Il terminera cette mission en mars 1680, date du mariage de son élève avec Marie-Anne de Bavière.
En 1681, Bossuet écrit son Discours sur l'histoire universelle dans lequel, après avoir présenté un résumé rapide des évènements, il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son Église. Il y mêle Providence et référence à des sources (aussi bien la Bible et les docteurs de l'Église que les auteurs gréco-latins, comme Hérodote). « On fut étonné, dit Voltaire, de cette force majestueuse avec laquelle il a décrit les moeurs, le gouvernement, l'accroissement et la chute des grands empires, et de ces traits rapides d'une vérité énergique, dont il peint et juge les nations. » Pour le Dauphin, il écrivit aussi le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, dans lequel il suit en général la doctrine de René Descartes, et se montre aussi profond philosophe qu'écrivain.
Bossuet s'était réservé l'enseignement de l'histoire, qu'il considérait comme fondamental pour la formation du prince. Pendant près de dix ans, il raconta au dauphin l'histoire des rois qui s'étaient succédé à la tête du royaume, en tirant de ce récit des enseignements politiques, psychologiques et moraux ; le récit fut mené jusqu'au règne de Charles IX. Le dauphin devait résumer oralement la leçon, puis la rédiger en français et la mettre en latin sur des cahiers qui ont été conservés.
Il écrivit lui-même les livres de classe pour son royal élève.
Il est élu membre de l'Académie française en 1671.
En 1681, lorsque l'éducation du dauphin fut achevée, il fut nommé évêque de Meaux (d'où la périphrase « l'Aigle de Meaux », parfois utilisée pour le désigner) et se livra dès lors aux soins de l'épiscopat, fit de fréquentes prédications, rédigea le célèbre Catéchisme de Meaux (1687) et composa pour des religieuses de son diocèse les Méditations sur l'Évangile et les Élévations sur les Mystères.
À cette activité épiscopale il joignait une oeuvre de théologien et ne dédaignait les controverses avec les protestants. Il publia notamment l'Histoire des variations des églises protestantes (1688). Le ministre protestant Pierre Jurieu ayant répondu à cet ouvrage, Bossuet publie les Avertissements aux protestants sur les lettres du ministre Jurieu contre l'Histoire des variations. Dans le cinquième de ces Avertissements, il nie la thèse du contrat explicite ou implicite entre le prince et ses sujets, que soutenait Jurieu, et formule la phrase célèbre : « De condamner cet état [= l'esclavage], ce serait non seulement condamner le droit des gens, où la servitude est admise, comme il paraît par toutes les lois ; mais ce serait condamner le Saint-Esprit, qui ordonne aux esclaves, par la bouche de saint Paul, de demeurer en leur état, et n'oblige point leurs maîtres à les affranchir », phrase que Flaubert fera figurer dans son Sottisier.
Dans l'assemblée du clergé de 1682, à l'occasion des démêlés entre le roi et le pape, il fut l'auteur de la déclaration sur les libertés de l'Église en France en 1682, qui fixait les limites du pouvoir du Pape, et rédigea les Quatre articles de 1682 qui sont demeurés une loi de l'état et qui ont donné lieu à de vives discussions. Le pape en fut très irrité et les fit brûler.
Cette déclaration du clergé de France, plus communément appelée « Déclaration des quatre articles », fixe jusqu'à la fin de l'Ancien Régime la doctrine des libertés de l'Église gallicane. Elle aura une énorme influence sur l'histoire de l'Église de France, prédisposant aux futures réformes religieuses des Constituants dans la Constitution civile du clergé de 1790.
Monseigneur François de Caulet est l'un des deux évêques, avec celui d'Alet, qui se sont opposés à la politique gallicane de Louis XIV, qui culminera avec la Déclaration des quatre articles rédigée largement sous l'égide de Bossuet. Ces deux évêques semblaient d'obédience janséniste, mais dans ce contexte précis, il y a eu convergence d'intérêt avec Rome, ce qui fait de Caulet et, après la mort de celui-ci en 1680, de son vicaire Antoine Charlas, des « ultramontains » avant la lettre - ce terme n'existe pas au XVIIe siècle, mais la réalité qu'il recouvre existe bel et bien.
Bossuet se trouva par là en lutte avec Fénelon, disciple de Madame Guyon, accusée de quiétisme : il poursuivit son adversaire à la fois auprès du roi, qui disgracia et exila l'évêque de Cambrai, et auprès du pape, qui, pour faire plaisir à Louis XIV condamna les Maximes des Saints où Fénelon soutenait la doctrine de l'amour de Dieu pour lui-même, sans aucun mélange de cette crainte que les théologiens appellent servile. Bossuet utilisa tous les moyens possibles pour discréditer à la fois Fénelon et Madame Guyon, enfermée à la Bastille pendant cinq années. Il soutenait que la dévotion, toujours raisonnable, doit passer par l'autorité temporelle, alors que Madame Guyon enseignait un chemin direct de coeur à coeur. Les accusations de quiétisme étaient sans fondement, elle ne connaissait pas Molinos ni son oeuvre. Le quiétisme a été un prétexte dont les ressorts étaient bien plutôt des luttes d'influence et le fait que Fénelon était le précepteur du duc de Bourgogne.
Après une lente et douloureuse agonie, Bossuet mourut à Paris le 12 avril 1704 de la maladie de la pierre. L'autopsie eut lieu le lendemain. « On trouva dans sa vessie qui était toute gâtée, une pierre grosse comme un oeuf » écrit l'abbé Ledieu.
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L'Aigle de Meaux fut non seulement un orateur exceptionnel, mais il fut aussi un historien, un théologien et un homme de lettre exceptionnel.