Francais, né le 12 octobre 1939 et mort le 27 mars 2018
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Clément Rosset aurait fêté ses 85 ans le samedi 12 octobre 2024. Plus que 2 jours...
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Clément Rosset, né le 12 octobre 1939 à Carteret dans la Manche, mort le 27 mars 2018 à Paris, est un philosophe français. Le penseur-écrivain s'était fait une place majeure dans la philosophie contemporaine internationale, avouait son dédain pour l'actualité et avait entrepris de réfuter toutes les illusions que les hommes nourrissent au sujet du réel. Il n'hésitait pas à mêler dans ses écrits les oeuvres de Kant et d'Hergé.
Entré à l’École normale supérieure en 1961, Clément Rosset devient agrégé de philosophie en 1964. Il enseigne la philosophie à Montréal de 1965 à 1967, puis à Nice jusqu’en 1998. Retraité depuis cette date, il vit à Paris et se consacre à son œuvre.
Rosset développe une philosophie de l'approbation au réel : par la joie, je prends plaisir au réel tout entier, sans avoir à m'en masquer aucun aspect, si horrible soit-il. Le paradoxe de la joie est ainsi que rien dans la réalité ne me porte à l'approuver et que pourtant, je puisse l'aimer inconditionnellement. Cette vision est dite « tragique » au sens conféré par Nietzsche à ce terme : est tragique l'amour de la vie jusque dans le déchirement et la douleur extrêmes. Être heureux, c'est être heureux malgré tout.
Dès son premier livre, La Philosophie tragique, Rosset oppose cette vision tragique et joyeuse à la recherche d'un double qui puisse protéger du réel. Le réel étant à la fois cruel et indicible, les hommes ont tendance à lui préférer un double de substitution, une image illusoire et adoucie qui les en détourne. En particulier, la vision morale du monde repose sur l'illusion de ce double.
Deux essais consacrés à Schopenhauer ont montré que ce dernier était un précurseur des philosophies de l'absurde (Sartre, Camus) : pour Schopenhauer, le monde est douloureux mais surtout, cette douleur est sans raison. Au pessimisme bien connu du penseur de Francfort s'ajoute donc une intuition de l'absurde.
Ses premiers essais personnels (La Logique du pire, L’Anti-nature) proposent une philosophie joyeuse et approbatrice d’un monde où le pire est la seule chose certaine. Le pire est ce qui existe, la réalité antérieure aux idées de sens, d’ordre ou de nature : c'est le hasard lui-même, en tant que silence et insignifiance. Dans la trilogie qui suit (Le Réel et son double ; Le Réel, traité de l’idiotie ; L’Objet singulier), Rosset tente de préciser les attributs de cette réalité indéterminable et « in-signifiante ». La thèse essentielle de Rosset est celle-ci : la difficulté de penser le réel tient à ce qu’il ne manque de rien, qu’il se suffit à lui-même, qu’il se passe de tout fondement (car au fond, il n’y a rien à expliquer, rien à comprendre). D’où la thèse majeure du Réel et son double : le réel est ce qui est sans double et le fantasme du double trahit toujours le refus du réel. L’ontologie du réel sur laquelle débouche cette réflexion a la particularité de ne pas reposer sur la pensée de son être ou de son unité, mais de s’en tenir à sa seule singularité, ce qui n’est possible que par la grâce d’une joie sans raison. Le réel auquel j’ai accès, aussi infime soit-il, en rapport de l’immensité qui m’échappe, doit être tenu pour le bon.
Les influences principales – Schopenhauer mis à part – de Rosset sont affirmées dès ses premiers livres. Elles correspondent à ses premières lectures. S’il a pu s’éloigner quelque peu, à partir du Réel et son double, de sa philosophie dite tragique, ces influences restent, explicitement ou implicitement, prégnantes dans tous ses ouvrages. Une des inspirations majeures de Rosset est Nietzsche, dont la pensée constitue le fil conducteur de son premier ouvrage. Il lui est, pour ainsi dire, toujours resté fidèle et le cite dans pratiquement tous ses livres. L’un des livres essentiels de Rosset, La Force majeure, consacre un long chapitre décisif à Nietzsche, dans lequel Rosset développe des analyses brillantes et originales du philosophe allemand comme philosophie de l'approbation inconditionnelle au hasard de la vie. Cette lecture est à comparer avec les interprétations qui faisaient autorité dans les années 60-70 chez les philosophes français (Foucault, Derrida, Deleuze, Blanchot, Bataille, Klossowski). Rosset s'efforce de mettre en lumière un Nietzsche foncièrement affirmateur et joyeux, et en outre, musicien, aspect trop méconnu des commentateurs. Ces Notes sur Nietzsche constituent un apport crucial au développement de la pensée de Rosset en ce que chaque point remarquable de la philosophie de Nietzsche apparaît conciliable avec la philosophie de Rosset lui-même.
Outre l’influence déterminante de Nietzsche, celles de Lucrèce, Montaigne, Pascal, Spinoza et Hume – et, à certains égards, Bergson, Deleuze, voire Lacan – comptent également. Plus tard, revenant sur ce qu'il considère comme une condamnation trop hâtive, Rosset voit en Parménide la voix puissante de l’idiotie du réel (Principes de sagesse et de folie) contre l’interprétation métaphysique qui en fut faite par toute une lignée de philosophes de Platon à Heidegger.
En 2013, il est lauréat du prix Procope des Lumières pour son ouvrage L'Invisible, et en 2008 du prix Gegner pour L'École du réel.
Clément Rosset est mort le mardi 27 mars 2018 à l'âge de 78 ans à Paris (France).
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Les meilleures citations de Clément Rosset.
Je n'ai pas besoin d'en appeler à un sentiment d'identité personnelle pour penser et agir de manière particulière et personnelle, toutes choses qui, si je puis dire, s'accomplissent d'elles-mêmes. Je pense même que le souci ou l'inquiétude qui portent à s'interroger sur sa propre personne et sur ce que celle-ci aurait d'inaliénable joue un rôle plutôt inhibiteur dans l'accomplissement de sa personnalité. Les questions du type « qui suis-je réellement ? » ou « que fais-je exactement ? » ont toujours été un frein tant à l'existence qu'à l'activité.
Certains se souviennent sans doute de la devise inscrite jadis sur les balances publiques : « Qui souvent se pèse bien se connaît. Qui bien se connaît bien se porte. » J'aurais tendance pour ma part à inverser les termes de cet adage. Qui souvent s'examine n'avance en rien dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
Je considère que la dépression est une maladie comme la grippe ou comme les oreillons, et une maladie ne peut pas remettre en cause une philosophie, à plus forte raison une philosophie qui prétend accepter toute la cruauté du monde. Dans le pire des moments, jamais je n'ai pensé : « La vie est horrible. »
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